: Projections pour une mise en scène de Une heure et dix huit minutes
Mettre en scène une heure et dix-huit minutes, dans nos théâtres, aujourd’hui, c’est se faire l’écho d’un travail qui prolonge l’acte de la création du texte d’origine; il ne s’agit plus d‘écrire sur scène à partir de documents collectés par le TEATR.DOC, mais de s’emparer de cette oeuvre, comme une fiction, tout en gardant cette connexion avec le réel puisqu’il ne s’agit pas d’une fable, mais d’une histoire vraie qui ne connaît pas encore son dénouement et qui est encore un sujet brûlant dans la Russie actuelle et dans l’actualité internationale…
Comment garder ce lien avec le réel ?
Comme un prologue ou en avertissement, je souhaite que
l’un des acteurs (qui est aussi l’un des traducteurs) soit
un médiateur entre les acteurs au centre de la fiction et les
spectateurs ; il aura un statut de Coryphée contemporain
(de greffier ?). Il prendra en charge le prologue pour replacer
la fiction qui va être jouée par les comédiens, dans son
actualité.
Ce prologue pourra évoluer au fil de cette même actualité…
Il pourra annoncer également appelées rubriques
par l’auteure et donner les informations relatives aux
personnages que vont porter les acteurs.
Ces rubriques informent les spectateurs du nom et de la
fonction des protagonistes qui viennent se livrer au public.
Il nous faut repartir de l’endroit de la fiction : c’est-à-dire
de l’endroit du théâtre, mais rester ancrés dans la réalité du
plateau. Respirer le texte au présent, l’adresser directement
aux spectateurs dans la temporalité de la représentation,
pendant une heure et dix-huit minutes. J’aimerais que les
spectateurs ressentent cette durée.
Je vais privilégier un espace débarrassé d’éléments
scéniques, où seul le corps des acteurs va structurer les
espaces de la parole avec l’appui de la lumière.
Les acteurs seront en adresse directe avec le public à qui
je vais donner le statut de jury pour faire exister ce tribunal
imaginaire pour un purgatoire fictif…
Il n’y a pas de paroles collectives ; chaque comédien livre
son témoignage en intimité avec les spectateurs.
Les comédiens resteront sur le plateau pendant une
heure et dix-huit minutes. Ils seront à l’écoute des autres
témoignages surtout la comédienne qui portera le texte de la
mère de Magnitski.
La chorégraphie du plateau va s’organiser autour d’une zone
d’ombre que les acteurs feront exister comme la cellule de
Magnitski ; c’est un espace où il ne pénètreront pas durant
le temps de parole qui leur est réservé ; ils pourront faire
exister cette zone par leurs regards tout en préservant le
dialogue avec le public.
C’est pour moi, la façon la plus pertinente et la plus décente de faire exister
Magnitski ; le spectateur doit pouvoir projeter son imaginaire sur cet espace vide,
ressentir à travers les différents témoignages, le calvaire du juriste en prison.
Il n’y aura pas de représentation ou d’images de Magnitski, car encore une fois, la
force de ce texte, c’est que le spectateur ressente une empathie pour cet homme à
travers les plaidoiries des responsables de sa mort.
Epilogue.
A la fin de la représentation du procès, quand les acteurs auront salué le public, je
propose que dans la tradition du théâtre documentaire, les traducteurs et l’équipe
artistique, se rejoignent dans un même mouvement, sur le plateau, pour une
discussion avec le public. Cette discussion pourra tourner autour de cette pièce,
et les suites de cette affaire pour s’ancrer à nouveau dans la réalité…
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