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Une heure et dix-huit minutes


: Note d'intention

Dans ma rue, habitent Tania et Gilles qui m’invitent à lire les pièces qu’ils ramènent de Russie. Au bout de ma rue (l’avenue Victor Hugo), il y a le théâtre où je travaille.
Dans ma ville, il y a une maison d’arrêt devant laquelle, je passe. Je ne sais pas ce qu’il s’y passe ; parfois, oui, je sais que les détenus y font du théâtre.
A Moscou, habitent aussi Tania et Gilles. A Moscou, Tania et Gilles fréquentent un petit théâtre, où travaillent Elena Gremina avec les autres artistes du théâtre doc.
A Moscou, il y a la prison Boutyrskïa devant laquelle les gens passent. Ils ne savent pas ce qu’il s’y passe. Ils savent peut-être, qu’à l’intérieur, les détenus peuvent emprunter une pièce de Shakespeare à la bibliothèque.
Dans cette prison, un homme est mort, sans procès.
Elena Gremina a rendu justice à cet homme, dans son théâtre.
Dans mon théâtre, avec Tania et Gilles on lit la pièce écrite par Elena Gremina, pour cet homme qui est mort dans une prison de Moscou.
Au théâtre où je travaille, on a une bouilloire ; dans une prison moscovite, on ne peut pas avoir de l’eau bouillante.
Dans un théâtre, on peut boire du thé en discutant. Dans une prison moscovite, on ne peut pas vivre sans eau bouillante.
Je regarde la bouilloire, on boit du thé avec Tania et Gilles et les comédiens, nous lisons une heure et dix-huit minutes d’Elena Gremina.
Et j’imagine, Magnitski, dans un drame de Shakespeare ou un roman de Boulgakov ; comment aurait-il mystérieusement disparu de son bureau ?
J’imagine ce qu’aurait publié Victor Hugo dans un nouveau tome des ‘choses vues’ à Moscou. Comment il aurait dénoncé les hauts dignitaires du pouvoir moscovite.
Je regarde la bouilloire et la bibliothèque du théâtre et j’imagine Magnitski avec le bouquin de Shakespeare emprunté à la prison.
Je lis Une heure et dix-huit minutes, je lis le courage d’Elena Gremina et le dévouement de TEATR.DOC à ce travail ancré dans la réalité de la Russie d’aujourd’hui.
Je ne ferai jamais du théâtre comme Elena Gremina du TEATR.DOC ; le travail documentaire a été réalisé, représenté sur scène. La pièce est écrite et traduite, par Tania et Gilles. Le procès va se jouer à nouveau sur une scène anglaise…
A l’heure où je rédige ce projet, on parle de l’affaire Magnitski dans la presse internationale.
Nous échangeons des articles sur Magnitski, avec Tania et Gilles, et eux avec le theatr.doc.
Mettre en scène Une heure et dix- huit minutes, aujourd’hui, c’est essayer de prolonger le mouvement de l’acte de la création, comme une onde de choc, de représentation en représentation, jusque dans nos théâtres.

Cécile Auxire-Marmouget

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