3 personnes et 3 musiciens donc. Une petite pièce blanche. Des microphones suspendus. Des fantômes.

La mise en scène se fera en provoquant des rencontres entre les vivants et les morts. En inventant des situations théâtrales où les morts viendront perturber et déranger les vivants. Des scènes où les vivants devront négocier dur afin que les morts les laissent tranquilles et qu’ils s’éloignent à jamais.
Pour faire apparaître et disparaître les morts nous utiliserons des trucages « classiques » de théâtre (effets de lumières, effets spéciaux).
La musique et le son seront omniprésents. La multiplication de micros provoquera sans aucun doute des effets acoustiques étonnants. Un micro pourra capter et diffuser la mélodie d’un trombone pendant que simultanément un autre micro avec un autre réglage (un effet d’harmonie par exemple) captera ce même trombone et le diffusera avec le son modifié. Une même source, deux sons très différents : un trombone et son spectre… Ainsi une femme pourra-t-elle avoir une voix très grave, comme si elle était habitée par un dibbouk en colère.
Le corps sera mis à l’épreuve dans ce spectacle. Le corps démembré, le corps en décomposition, le corps, puisque débarrassé de ce qui habituellement le gêne (attraction terrestre, douleur), qui se met à exécuter des prouesses. La présence d’un performer-danseur puissant et virtuose permettra de travailler sur cette matière.

Appeler notre spectacle Le Chant de la Terre, c’est évidemment rendre hommage à Gustav Mahler et à ses ritournelles cosmiques. Mais c’est aussi pour parler du chant des morts, pour parler de la mort, en musique. Chanter et danser la mort donc. Essayer de comprendre le chagrin, essayer de comprendre les mécanismes qui régissent les rapports entre les morts et les vivants, essayer de saisir le lien qui unit les vivants aux morts.