: Intentions scénographiques
“Même la pensée d’une fourmi peut toucher le ciel”
Proverbe japonais
La lecture du roman de Murakami m’a tout d’abord plongée dans une stupéfaction profonde :
comment des choses que je pensais être seule à croire, genre il est possible de parler avec les chats,
pouvaient être si simplement « divulguées » par un Japonais, parfaitement inconnu de mon bataillon…
Après avoir lu une grande partie de l’oeuvre de cet écrivain atypique, ce dernier ne m’est plus tout à
fait étranger. De plus, force est de reconnaître que la perception que j’avais du monde, et donc du théâtre, a
changé. Grâce à lui, notamment.
Tout d’abord il me permet de croire au moins à un monde parallèle au nôtre, avec lequel nous
entretenons des liens permanents et subtils, dans lequel le temps et l’espace n’ont aucune valeur et où toute
délimitation nette et tranchante est exclue. Ces deux mondes étant l’un et l’autre parfaitement mouvants,
vivants et en interaction constante, il arrive parfois que l’harmonie soit rompue et qu’un déséquilibre s’installe.
Quelqu’un est alors désigné plus ou moins brutalement, selon son niveau de conscience, pour rétablir l’ordre
dans la matière. Voilà pour la mission de Kafka.
Ensuite, cette nouvelle compréhension des mondes possible(s) permet à mon imaginaire de se
déployer enfin en toute sérénité. Je passe du verbe croire, je crois à ceci ou à cela, au verbe croître : je croîs
dans ceci et dans cela. Quelle découverte extraordinaire pour une scénographe !
La mise en espace de ce spectacle sera donc conçue en lien avec cette extension, avec comme
volonté d’aller vers le décloisonnement. La grande difficulté sera de rendre la complexité du roman de
manière accessible, sans la dénaturer. Les notions de sacré et de profane y tiendront aussi une place
importante.
Quant à la référence au Japon, elle sera immanquablement présente, mais de manière subtile: je
tenterai de respecter le « shibusa » qui est une qualité spécifiquement japonaise, symbolisant non
seulement la beauté, mais aussi le calme, le bon goût et la sobriété. En fait, il s’agira d’ un « shibusa »
version “L’outil de la ressemblance”, réunissant dans la joie, le travail et l’inventivité les talents de chacun!
Nicole Grédy
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.