Trois aspects de l’oeuvre de Murakami vont influencer grandement le travail de composition et l’utilisation de la musique dans notre travail.

Les références. Kafka dans son baladeur MP3 ne cesse d’écouter des vieux tubes : Rolling Stones, Clapton, Prince. Oshino lui enseigne la vie à travers le « Trio à l’Archiduc » de Beethoven. Ces deux mondes musicaux décalés sont fortement ancrés dans notre réalité. Ils marquent l’appartenance de cette histoire folle à notre monde. Leur présence est inévitable, mais elles seront modifiées, recomposées.

Les oubliés. Murakami laisse s’exprimer dans son ouvrage des forces que notre culture à réduit au rang de murmure. Une sauvagerie que nous appelons le mal. Des instincts que nous avons psychologisés. Des esprits indépendants de notre anthropisme. La musique ne doit pas libérer ou exprimer ses forces, ce serait les réduire et notre époque ne digère malheureusement plus Wagner. Il faudra redonner sa place aux murmures extérieurs et intérieurs. Les rendre musicalement omniprésents, comme un personnage qui a toujours été là, mais jamais où on l’attend.

L’unité de l’étrangeté. L’étrangeté ne vient pas de l’inattendu. Elle vient du décalage. Il y a un travail à faire sur la diffusion du son. Plutôt que d’introduire de nouveaux sons, il faut que le bruit naturel du plateau, du jeu des comédiens, soit repris, travaillé, décalé. Le décor sera truffé de petits micros permettant des échos, des reprises, des bruits émanant d’ailleurs que leur source, des rappels thématiques. Bien orchestré, ces sons pourraient devenir de la musique. Le monde que crée le spectacle en deviendrait merveilleux et réel pour le spectateur, car possédant une logique propre, des règles physiques étranges mais cohérentes. C’est une explosion qui nous mène à l’unité.

Olivier Gabus