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Angelo, tyran de Padoue

+ d'infos sur le texte de Victor Hugo
mise en scène Paulo Correia

: Le choix du rétro-futurisme

La scénographie sera composée d’éléments de taille décroissante, symbolisant le pouvoir pyramidal : la place du pouvoir en haut et celle du peuple en bas (cette dénonciation du pouvoir politique est tout à fait conforme au message politique de Victor Hugo dans l'ensemble de son oeuvre).
Un cyclo en arc de cercle sera posé en arrière-plan sur lequel sera rétro-projeté la ville qui constituera un personnage à part entière de la pièce. Cette ville se meut au rythme des événements accompagnant les virements et revirements du destin.


Cette scénographie et cette ville mouvante s’inspireront du rétro-futurisme, en jeu de citations induit vis-à-vis de la Metropolis de Fritz Lang, dont les décors ont eux-mêmes puisé dans le dessin utopiste de Metropolis of Tomorrow, par Hugh Ferriss (1929), et l’architecture des villes du dessinateur Schuitten. Ces emboîtements, la fusion des motifs, des figures et des thématiques de l’imaginaire passé sont une des marques majeures du rétro-futurisme que nous utiliserons pour notre construction scénographique et nos choix esthétiques (costumes, maquillage etc.)


Le rétro-futurisme est apparu au cours des années 1960, le terme fut popularisé en 1983 par l’artiste et éditeur américain Lloyd Dunn, un magazine intitulé Retrofuturism (publié entre 1988 et 1993). Selon la définition anglo-saxonne, deux concepts cohabitent : l’un fait référence à l’esthétique et l’autre s’inscrit dans le champ idéologique.


Le rétro-futurisme est une fiction méta-textuelle puisant dans l’histoire et l’imaginaire pour proposer une relecture du passé à la fois iconoclaste et érudite, ce que nous proposons de faire avec cette oeuvre.


En effet, le choix du rétro-futurisme permet de mettre en relief le caractère totalement universel du propos de Victor Hugo : une telle société basée sur la peur, la délation, le dogme, les sociétés secrètes, l'asservissement des minorités et l'inaccessibilité aux arcanes du pouvoir (par leur invisibilité, leur marche sous-terraine) illustre un schéma qui vient du passé, se déroule dans notre présent et va vers notre avenir. Le discours social, politique et religieux de Victor Hugo est complètement applicable et légitime aujourd'hui et le sera encore probablement demain...


Par l'étude du passé on peut analyser le présent et anticiper notre futur, d'où l'intérêt pour nous, artistes du XXIème siècle de monter ce type de textes. D’un point de vue historique, le XIXème siècle offre un terreau privilégié, de par la somme des changements et bouleversements qui s’y condensent à mesure qu’il approche de sa fin. “Le XXI ème siècle a rêvé, discuté tous les problèmes du social : la démocratie, l’égalité, le progrès indéfini, la moralisation assurée par l’école, le bonheur par le couple, la socialisation par la famille, la prospérité par le ”développement” universel, et encore l’association des travailleurs et l’émancipation de la femme.” écrit Jean Borie, en 1989, dans Un siècle démodé, Prophètes et réfractaires au XIXème siècle.


Ce long siècle fut le creuset de notre modernité, là où naquirent toutes les crises et les avancées de notre temps. Par extension, il en offre un reflet dont les possibilités ne demandent qu’à être exploitées par l’imagination des artistes.

Gaële Boghossian et Paulo Correia

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