: Voyage au bout du possible
Le théâtre de Kane est post-tragique, il affronte l'indicible et représente l'irreprésentable.
C'est, pour reprendre le mot de Bond, un théâtre de « l'affrontement de l'implacable », un
théâtre de l'expérience ultime.
Sarah Kane croit au pouvoir des mots d'un retour au théâtre du texte.
Certes, elle enferme peu à peu la littérature dans un silence envahissant, un silence qui se fait
plus poignant encore, plus noir que tous les silences parce qu'il ne peut pas s'empêcher d'être
« désespéré par le souvenir du verbe »
Kane confie aux mots le pouvoir de représenter sa déconstruction, sa progressive fantomisation,
sa dé-faite. Pour Kane, le langage est le lieu de la blessure.
Un théâtre tout entier informé par Auschwitz :
On voit bien que l'expérience de la perte de soi, propre à l'univers concentrationnaire, dépasse le
cadre des pièces « politiques » de Kane, celles où il est question des traumatismes de l'histoire
et de leur habileté à faire écho au désastre intérieur du personnage. C'est autour cette
expérience et des questions esthétiques liées à sa représentation sur la scène que se
construisent tous les textes de Sarah Kane.
Extraits de Voyage au bout du possible, Elisabeth Angel-Perez
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.