Poème tragique et troublant sur le désir impossible d’être vraiment au monde, 4.48 Psychose est
l’ultime texte de Sarah Kane, météore du théâtre contemporain, qui se donna la mort en 1999 à
l’âge de 28 ans. La pièce est un huis clos entre une jeune femme psychotique qui projette de se
suicider quand viendra le moment, à 4h48, et son psychiatre, figure fantomatique et jumelle. « Je
préfère mourir d’une overdose sur scène que dans la vie » avait coutume de dire Sarah Kane. De
fait, le monologue-dialogue hallucinatoire, sincère et impudique de son héroïne se lit comme un
exorcisme à la dépression, une ultime tentative pour réduire cette fracture entre le moi et la
réalité extérieure. Dans l’incarnation de cet « Hamlet au féminin », Valérie Marinese garde
beaucoup de distance, avec une pointe d’humour noir et de fantaisie. Toujours dans le pouvoir de
l’illusion, avec cette légèreté apparente qu’elle aime tant chez les metteurs en scène qu’elle a
beaucoup côtoyés en tant qu’actrice, comme Richard Brunel ou Simon Delétang. La nouvelle
traduction de 4.48 Psychose par Séverine Magois – du Collectif artistique de la Comédie de
Valence – a été le signal qu’elle attendait pour mettre en chantier un projet qu’elle portait
depuis de longues années. Envers et contre tout. Trop sombre, trop violent pour elle, lui disaiton.
Mais Valérie Marinese, comédienne et metteure en scène, aime prendre le contre-pied des
chemins balisés…