C’est une réflexion qui anime le collectif depuis longtemps et sur laquelle nous voulons nous concentrer en nous posant d’abord comme enjeu de pointer les prémices de l’acte acrobatique. Travailler sur nos qualités de corps et les états sensibles qui peuvent s’en dégager.
Autrement dit, il s’agit de s’interroger sur ce qui amène au geste acrobatique : « qu’est-ce qui nous anime ? ». Afin d’envisager une manière de le prolonger : « vers où allons-nous ? ».
Nous nous attachons ainsi à choisir les matériaux acrobatiques qui nous semblent porteurs d’une énergie et d’une vibration particulières pour ensuite en moduler la fréquence, le rythme.
Il s’agit ici de générer un trouble dans la perception du spectateur et déclencher des mécanismes quasi réflexes d’excitation, de peur ou d’émulation en s’adressant directement à son cerveau reptilien.
Cette démarche nous amène à détourner l’académisme de nos pratiques sans jamais s’en détacher complètement.Prenons par exemple une série de colonne à trois. Imaginons-nous maintenant les tordre, les ramollir, les étirer ou les agglutiner...
Tordre, dévier, ramollir, tendre, étirer, agglutiner... Autant d’actions de contamination et de réactions en chaine qui viendront traverser cette création.
« Et si le corps appartient à la terre, l’âme se lie au ciel. »*
Nous ne saurions oublier que notre pratique tend à défier la gravité.Nous la ressentons comme une poussée ascendante, une volonté d’échapper à la pesanteur, une aspiration au grand envol : rompre, le temps de cette pièce, la malédiction de la gravitation et laisser courir en nous ce rêve fou, devenir oiseau.

Le Collectif XY

• Erik Sablé La Sagesse des oiseaux. Ed. Zulma, 2002.