Le pari de cette pièce consiste à se projeter dans un continuum d’espace-temps qui concernerait toutes les composantes du spectacle (lumière, musique, acrobatie...).
Car travailler l’acrobatie revient à composer avec des éléments organiques qui sont profondément instables et fragiles. Cette « impermanence » nous renvoie sans cesse à cette loi fondamentale d’un vivant entendu comme un mouvement en perpétuelle évolution.
En nous inspirant de l’image proposée par Patrick Tort dans L’effet Darwin*, nous représentons visuellement et métaphoriquement notre démarche sous la forme d’un ruban de Möbius.
Cette bande a ceci de particulier qu’elle ne possède qu’un seul côté tout en déployant un ou plusieurs retournements. Elle nous permet de concevoir une continuité qui autorise les renversements et les revirements de situations sans avoir à les opposer les unes aux autres. Comme nous n’opposons pas la nature à la culture, le corps à l’esprit...
Nous cherchons donc ici à inscrire notre acrobatie dans un flux, un théâtre des transformations qui fonctionne par flots, par déflagrations ou encore par boucles temporelles qui pourraient entrer en écho les unes par rapport aux autres. Que la préparation de nos figures soit ainsi comme absorbées dans ce flux et que nos arrivées apparaissent comme une suspension dans un temps continu et non comme un point final qui en serait le paroxysme.
Nous voulons créer pour le spectateur un espace flottant au sein duquel le temps semble tantôt s’étirer tantôt se contracter au rythme des corps changeant de forme sous ses yeux.
A cet endroit, il nous faut frôler la magie avec des corps en lévitation, des formes qui se dédoublent, des corps qui s’abandonnent au sol...
L’amener en un voyage intérieur avec des variations émotionnelles fines et fortes comme celles que l’on peut ressentir devant la succession de paysages qui s’offrent à nous depuis la vitre du train.

Le Collectif XY

• Patrick Tort, L’Effet Darwin : Sélection naturelle et naissance de la civilisation Ed. Seuil, Collection « Science ouverte », 2008