L’écriture du spectacle a pour source naturelle les écrits de Grisélidis Réal.

-la Correspondance avec Jean-Luc Hennig en sera sans nul doute la matière première.

- Le noir est une couleur, est le récit de ses années d’errance en Allemagne, au début des années soixante ; elle avait fui la Suisse en emportant deux de ses enfants, arrachant à un hôpital psychiatrique son amant noir, poursuivie par la police, sans papiers et donc sans droit de travailler ; dans la misère la plus totale, elle finit donc se prostituer, sans souteneur, trouve refuge dans un campement tzigane, tombe amoureuse, dans un bar de jazz, d’un GI noir lui aussi, Rodwell, son grand amour reparti en Amérique et à qui le livre est dédié, travaille dans un bordel de Munich, finit donc en prison pour trafic de drogue…

-son fameux Carnet Noir est à l’inverse un document plus qu’une oeuvre d’art, et c’est pourtant ce qui a fait connaître G.Réal au plus grand nombre ; il s’agit du répertoire recensant ses clients les plus réguliers et leurs petites manies sexuelles, ce qu’il fallait leur faire pour qu’il repartent « les couilles légères et le soleil au coeur ». Grisélidis a tenu ce carnet de 1977 à 1995, date à laquelle elle a arrêté la prostitution

-La passe imaginaire a déjà été adaptée plusieurs fois au théâtre. Bien entendu, l’aspect documentaire est intéressant - elle y décrit par le menu ses « passes », bien réelles elles, avec ses clients, immigrés Turcs, Portugais, Maghrébins, pour la plupart, mais mon approche vise plutôt à cerner la philosophie de vie de Grisélidis, les valeurs qu’elle y défend, et à pénétrer un peu dans son imaginaire ; en cela, le second volume de lettres, Les Sphinx , écrit alors qu’elle avait cessé son activité et qu’elle se retrouve face à la maladie et la mort probable, nous sera tout aussi précieux ; l’écriture qui s’y déploie, « pure de toute intention », devient une raison de vivre, « une existence parallèle ».