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Accueil de « Grisélidis »

: Notes dramaturgiques

Grisélidis ne sera donc pas un monologue, mais une réunion d’acteurs chargés de porter une parole, et de faire jaillir l’esprit d’un texte et d’un auteur, de faire entendre une voix, chacun avec sa sensibilité, son corps, son histoire, sa nature…


L’écriture de Grisélidis est très sexuée. Je cois qu’il n’y a qu’une femme pour écrire ce qu’elle écrit, et que cela n’aurait aucun sens de mettre ces mots-là dans la bouche d’un homme.
Ce choix de ne travailler qu’avec des actrices n’est pas un choix par défaut ; il est aussi porteur de sens, puisqu’il est énormément question des hommes dans les textes, et que leur absence sur le plateau sera flagrante. Si Grisélidis les a côtoyés et aimés toute sa vie, il ne sont plus là quand elle écrit, dans la solitude de son petit appartement. De plus elle écrit à un homme, absent, qui ne lui répond presque jamais, et qui est lui aussi Amant imaginaire. Lorsqu’elle s’adressera à un ou des hommes, elle devra se tourner vers ceux du public, ou vers ceux qui peuplent son cerveau…


Un appel aussi bien sûr à se libérer des tabous, de l’hypocrisie, de ce voile pudique que nous jetons sans arrêt sur les choses du corps, que ce soit la sexualité, la maladie, ou le vieillissement : je veux faire un spectacle charnel, qui parle de chair et pas d’érotisme, de ce corps instrument de plaisir, puis de torture quand elle est malade, mais jamais nié chez Grisélidis.
comment concilier la situation décrite plus haut, Grisélidis chez elle, seule, avec l’idée d’une fête ?
J’ai pensé que nous pourrions plutôt garder des traces de cette forme, comme si nous étions dans les loges, ou en attente de cette fête parfaite, de cette utopie, dont elle parle souvent, d’abord « pour ses vieux jours », puis « si l’Au-Delà existe ».


J’ai tout de suite pensé à la forme du cabaret pour Grisélidis, parce que cette forme me semble à la fois concilier les idées de plaisir, de désacralisation, de partage. Mais discerne les préoccupations fondamentales de ma mise en scène :
-donner à ressentir la sensualité de Grisélidis : parce que je crois que au plaisir partagé...avant tout en essayant de prendre du plaisir nous mêmes, en sollicitant les cinq sens des spectateurs (odeurs de cuisine, moelleux des canapés, des coussins, goût de l’alcool, musique « live », sources de lumière à vue…) et en les surprenant, sans utiliser l’artillerie lourde habituelle du théâtre contemporain (projections sur écran, enceintes surpuissantes, micros, fumée…) mais en s’ancrant dans le réel pour mieux le faire décoller, et tant mieux si l’ensemble paraît « artisanal », bon marché.


-jouer avec le temps : raconte-t-on une vie ?une soirée ?


-jouer, encore, avec le regard du spectateur, le voyeurisme, avec les clichés que nous avons tous dans la tête -amener un peu le joyeux bordel de l’univers grisélidien dans un théâtre tout propre, sans agressivité ni provocation, sans prendre le public à partie,
-et faire découvrir un auteur, pas seulement un destin ou une nature, en restituant la puissance de son écriture éminemment théâtrale.


L’interpénétration entre univers intérieur et extérieur, entre réalité et fiction, mélange de sensualité et de sublimation, est ce qui a guidé ma mise en scène. La scénographie pourrait représenter l’intérieur de l’appartement de Grisélidis, puis un espace mental, un univers quotidien envahi peu à peu par son imaginaire « tzigane » ; je projette de créer un espace circulaire, sur la scène, en écartant ou rabattant les gradins habituels, autour duquel le public prendrait place, s’asseyant soit dans des canapés, soit sur de petits gradins.»

Denis Laujol

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