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: Grisélidis Réal, le personnage historique

« C’est ma mère qui a trouvé ce prénom, Grisélidis. Dans un poème de Charles Perrault. C’est l’histoire d’une bergère qui épouse un prince qui la séquestre en haut d’une tour, par peur qu’elle lui soit infidèle. Au septième gosse, il la fait redescendre, et elle peut enfin vivre sa vie de princesse. C’est voué à l’épreuve, ce prénom... »
Grisélidis Réal, écrivain, peintre, prostituée, a dit un jour qu’elle avait plusieurs vies, comme les chats, mais qu’elle les vivait toutes en même temps.
Née à Lausanne en 1929, elle a grandi à Alexandrie et à Athènes où son père dirigeait l’Ecole Suisse ; à la mort de celui-ci, alors qu’elle n’a que neuf ans, elle revient à Lausanne avec sa mère, dont elle reçoit une éducation extrêmement rigide. Elle entre aux Beaux-Arts à Zurich, en sort diplômée (elle continuera à peindre et dessiner toute sa vie), et se marie, à vingt ans ; une dizaine d’années plus tard, après avoir divorcé et eu quatre enfants de trois pères différents, elle décide de fuir la Suisse pour l’Allemagne, avec deux enfants et son amant de l’époque ; c’est à cette époque, dans l’illégalité et la misère, qu’elle commence à se prostituer ; après un séjour en prison pour trafic de haschich, expérience qui lui fait découvrir les vertus de l’écriture (son journal de prison vient d’être retrouvé et édité sous le titre Suis-je encore vivante ?) elle est expulsée en Suisse. Elle racontera cette période de sa vie dans son récit Le noir est une couleur, en 1974.
En 1975, alors qu’elle avait arrêté de se prostituer pour vivre de son activité artistique, elle rejoint le mouvement des prostituées qui occupent la chapelle St Bernard, à Paris, se montrant au grand jour et réclamant une reconnaissance de leurs droits. Elle restera une militante de cette « Révolution » toute sa vie, et rentrée à Genève, elle reprend son activité, cette fois volontairement, participe à toutes sortes de congrès, colloques, conférences, dans le monde entier, donne des interviews, fonde l’association de défense des prostituées Aspasie en 1982, et un Centre international de documentation sur la prostitution dans son petit appartement du quartier des Paquis. Elle publie également son Carnet, qui fait scandale, ainsi que de nombreux textes où elle défend son droit à exercer ce métier, dont elle répète qu’il est « un Art, un Humanisme et une Science ».
Elle arrête la prostitution en 1995, à soixante-six ans, après trente ans d’activité (et onze avortements). La passe imaginaire, recueil de lettres écrites à son ami l’écrivain J.L. Hennig, publié en 1992, raconte le quotidien de sa vie de prostituée et de militante, et le second volume, Les Sphinx, publié en 2006 sa lutte contre le cancer, qui l’emporte en 2005.
En mars 2009, après bien entendu quelques polémiques dues à son activité (elle a fait marquer sur sa tombe « peintre-écrivain-prostituée »), son corps a été transféré au cimetière des Rois, sorte de Panthéon gènevois, où elle côtoie Borges, ou encore Calvin...

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