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Fabbrica

+ d'infos sur le texte de Ascanio Celestini traduit par Kathleen Dulac
mise en scène Pietro Pizzuti

: Propos d'Angelo Bison

S'il y avait un match Italie – Belgique, je ne saurais quel camp choisir.


Il m'a fallu 26 ans pour comprendre que je pouvais nourrir mon jeu de comédien avec mes racines. Je n'ai jamais rencontré Ascanio Celestini: je l'ai salué pour la première fois le soir de la première. J'avais pris contact avec lui après avoir lu son texte. Puis j'ai passé le relais à Pietro (Pizzuti) qui assure l'adaptation française et la mise en scène.


Le soir de la première,Celestini est dans la salle. Quand il monte sur scène et qu'il embrasse, je sais qu'on ne l'a pas trahi.


Pietro et moi sommes très différents. Il est d'origine romaine, je suis d'origine vénitienne. Son père travaillait aux Communautés européennes, le mien est venu en Belgique en 1947 pour travailler dans les mines. Il est plutôt extraverti alors que je suis dans l'introspection. Mais entre nous, il y a 25 ans d'amitié. Et le fait que nous sommes tous deux Italo-Belges. Il n'y a rien à faire, on est des enfants de ces deux pays.


Mon père est venu de Padova pour travailler dans les mines et ma mère l'a épousé par procuration. Quand elle a quitté Vicenza, on lui a mis un collier autour du cou avec sa destination. Et elle a débarqué à Morlanwelz pour retrouver mon père. Ils se sont installés dans le quartier de l'Étoile qui était composé de baraques abritant les immigrés italiens.


J'ai fait l'école technique dont je suis sorti péniblement avec un diplôme d'électricien. À 17 ans, je commençais à travailler en usine. Mais avant les « techniques », j'avais fait le rénové. C'était une catastrophe pour bien des choses mais on faisait un peu d'impro dans un cours d'expression orale. J'avais aimé ça. Un jour, dans le journal, j'ai vu une annonce pour des cours du soir d'art dramatique. J'y suis allé et ça m'a éclaté au visage : c'est ça que je voulais faire ! Au moment où mes parents quittaient la Belgique, j'ai moi aussi quitté notre village pour m'installer à Bruxelles et commencer le conservatoire. Ils ont eu un choc quand je leur ai annoncé que je ne les accompagnais pas et que j'allais faire l'acteur à Bruxelles. Mais mon père m'a dit : « Ma vie est derrière moi, toi, la tienne est devant toi. Vas-y ! » Par après, ils ont eu plusieurs fois l'occasion de me voir sur scène.


Moi, le petit ouvrier de province, j'étais très impressionné par tout ce milieu intellectuel. Je parlais peu, je me demandais souvent ce que je faisais là. Je n'étais pas du tout le petit génie qui éblouit tout le monde dès son arrivée. Heureusement, des gens m'ont aidé. Claude Etienne qui me donnait cours m'a très vite invité à jouer au Rideau. En fin de seconde année, je suis sorti avec 63 %, ce qui était très faible. Claude Etienne m'a dit : « Tu t'en fous, tu as une saison complète chez moi. » L'année suivante, je suis sorti premier des premiers prix.


Mon père est mort en 2000. Tous les gestes que je fais dans «Fabbrica», ce sont les siens. Quand on répétait, j'ai voulu essayer d'oublier mon « moi » de comédien pour retrouver des gestes simples, les siens.


Ma mère est venue voir le spectacle. Et ma mère s'appelle Assunta comme le personnage féminin de la pièce. Il y avait plusieurs petites coïncidences comme ça.


Angelo Bison avec l'aide de Jean-Marie Wynants, Journaliste Le Soir 05/09/2005

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