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Candide

+ d'infos sur le texte de Yves Laplace
mise en scène Hervé Loichemol

: A propos de Voltaire

(1694-1778)

Comme celle de Candide, la vie de Voltaire fut marquée par les changements de fortune, les revers, les fuites, les exils et les soubresauts. Ces mouvements, brusques et erratiques, trouvent leur place dans ses contes philosophiques : sans plainte ni pathos, dégagés du drame, portés par une cadence comique et joyeuse, ils sont une arme face à la cruauté du monde. Candide est un conte, mais grinçant, délié, fou, une danse joyeuse sur un terrain dévasté, comme un appel à réagir.
Le premier exil de Voltaire date de 1715, – il a à peine 21 ans – pour des vers satiriques sur le Régent. Deux ans plus tard, il est embastillé pour la même raison et, en 1726, il doit se réfugier en Angleterre où il reste près de trois ans, découvre Shakespeare, le traduit et tente de l’adapter aux règles classiques françaises. Ces revers ne l’empêchent pas de devenir un dramaturge à succès et de bâtir une fortune.
La mort d’Émilie du Châtelet met fin, en 1749, à une liaison amoureuse et à une complicité intellectuelle de 16 ans. Voltaire accepte alors l’invitation de Frédéric II et passe plusieurs années à Potsdam, devient Chambellan du Roi de Prusse et mène une vie de cour. Mais l’idylle tourne mal et il quitte la Prusse, humilié par le Roi et ses gendarmes. Interdit de séjour à Paris, il erre en Alsace, se réfugie en Suisse et s’installe aux « Délices ». Deux événements bouleversent sa retraite genevoise : le tremblement de terre de Lisbonne qui fait quelques dizaines de milliers de morts en deux minutes et le début de la guerre de Sept Ans, cette boucherie héroïque qui lui inspire cette réflexion : « Presque toute l’histoire est une suite d’atrocités inutiles ». Quand il rédige Candide, il a 64 ans et commence une nouvelle vie : il achète la Seigneurie de Ferney et fait, pendant 20 ans, de ce trou misérable, le centre nerveux de l’Europe des Lumières. Lors de la parution de Candide en 1759, Voltaire fut surpris du succès retentissant du conte, une « espèce de petit roman », à peine une « plaisanterie », une vraie « coïonnerie », selon ses propres termes. Quoi d’autre en vérité, pour un dramaturge qui ne reconnaissait que les genres nobles, tragédie ou épopée ? L’intrigue de Candide, chacun la connaît. Un jeune homme traverse un monde en folie, d’Europe en Amérique, et échoue en Turquie. En proie à tous les dangers, subissant tous les châtiments, objet de tous les sévices, il assiste à toutes les injustices, tous les massacres, toutes les horreurs. De l’esclavage aux guerres de religions, en passant par les plus tristes désastres et le déchaînement des pires violences, le spectacle d’un monde désaxé lui est infligé. Au milieu de ce tourbillon calamiteux, Candide conserve une inoxydable, irrémédiable, imperturbable confiance, un regard d’enfant, une façon désarmante de rester vivant. Commencé « côté Délices », Candide fut terminé « côté Ferney ». L’oeuvre doit certainement son fond de gaieté au bonheur des « Délices », réparation du fiasco prussien. Mais elle annonce secrètement l’élan, l’engagement et la virulence qui ne vont pas tarder à s’épanouir à Ferney. Entre jardin et château, le passage de frontière réoriente l’existence de Voltaire.

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