Cadre spatio-temporel

Différents espaces-temps en huis clos - marqués par leur caractère urbain - en lien avec l’époque actuelle et, surtout, en rapport avec l’événement déclencheur, l’agression dans le métro d’une femme :
- les années 90, dans le métro
- aujourd’hui (et 15 jours avant) : un appartement, la rue, le commissariat, un cabinet de médecin, le métro
- une dizaine d’années après aujourd’hui : zone urbaine en friche, sous un pont
- 20 ans plus tard : open space du Samu social

Résumé

S’inspirant d’un fait divers, Kinky birds nous présente des "oiseaux bizarres" et farfelus, de drôles d’individus d’âges, de sexes, de conditions et de parcours différents. Chacun va se raconter et raconter la trajectoire de Ludmilla, agressée dans le métro sans qu’un seul des voyageurs ne lui prête assistance. Restent à entrevoir qui sont ces "drôles d’oiseaux", à comprendre pourquoi aucun d’entre eux n’est intervenu, à découvrir comment ils vont réagir après cet événement et ce qu’ils vont devenir par la suite.

Structure

Scènes courtes numérotées jusqu’à 20, constituées de tableaux sans ordre chronologique, faisant alterner rencontres, dépositions ou aveux intimes, instants de vie...
Construction fractionnée de la pièce, multipliant et éclatant les temporalités ce qui joue sur le suspense en amenant à assembler les éléments de l’intrigue à la manière d’un puzzle
Différentes prises de parole : dialogue véritable, dialogue sans présence de l’interlocuteur ou en présence d’un personnage muet, monologue intime/discours intérieur extériorisé, discours en échos

Thématiques

Culpabilité et responsabilité ; indifférence et lâcheté ; effet témoin et passivité
Violences urbaines sous toutes leurs formes et leurs conséquences, parfois traumatiques
Peur de l’autre, de soi, du monde actuel et de l’avenir
Rapport à l’autre et à la différence, stéréotypes, préjugés et distance ; réseau complexe des relations humaines ; question de l’altérité et de l’individu au sein de la société
Etiquetage des individus selon des "camps" qui peuvent s’inverser ou se moduler et formatage des mentalités
Rencontre et communication
Condition de la femme et charge mentale
Empathie et contagion émotionnelle comme définition de l’humain appréhendé aussi dans une perspective scientifique
Effets d’échos (personnages, discussions, situations, bestiaire) et de liens entre les êtres (fatalité et ironie tragique)

Personnages

13 personnages - sans identité réelle, réduits à des types - évoluent dans le temps, qualifiés selon leur âge, leurs classes sociales, leur caractère ou leur style

Langue

Langue contemporaine avec des élans poétiques et des traits humoristiques, comportant quelques phrases inachevées jouant sur l’implicite et sur un effet d’attente
Quelques éléments (lexique ou scène) crus et choquants

Éléments scéniques

Les didascalies indiquent l’identité des personnages qui prennent la parole, situent temps et lieu mais précisent aussi des éléments de jeu théâtral, d’action, de gestes, de comportements comme de décor et de scénographie (ex. : lumière bleue sur scène lors des appels téléphoniques des membres du Samu social)

Niveau de difficulté

Peu d’obstacle culturel (rappel du contexte des attentats de janvier 2015)
Des éléments obscurs s’éclaircissent en cours de lecture : les fils narratifs tissent une histoire commune dans laquelle les destins des protagonistes sont liés et dans laquelle l’entrecroisement d’individus retranscrit ce qu’ils ont vécu ensemble (avoir été les témoins d’une agression dans le métro)
La difficulté de la pièce réside dans cette reconstruction progressive, à la manière d’un puzzle, de la trame de l’histoire en jouant sur les points de vue, l’attente et, surtout, en jouant sur différentes temporalités autour d’un événement majeur : le passé et le futur (prophétique ?) s’articulent autour d’un " aujourd’hui ", celui de l’agression

A partir de la troisième/seconde.