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Mère Courage et ses enfants

+ d'infos sur l'adaptation de Gerold Schumann ,
mise en scène Gerold Schumann

: Note d’intention

Chanter "Mère Courage" – le théâtre musical de Bertolt Brecht

Brecht en France


La réception de l’oeuvre de Brecht en France repose, depuis Baty et son Opéra de quat’sous en 1930 et Mère Courage mise en scène par Jean Vilar en 1951, sur un malentendu. Au poète provocateur et iconoclaste, on a préféré opposer le doctrinaire rigide. Trop longtemps le Verfremdungseffekt (ce néologisme brechtien maladroitement traduit par le terme de distanciation) a été l’alpha et l’oméga de la compréhension du dramaturge allemand sur les scènes françaises.


Mais la traduction littérale du mot allemand est effet de rendre étrange. Ce que l’on peut ressentir seulement si l’on est à l’intérieur d’un déroulement dramatique, pas si l’on en est distant.


Les années 80 tenteront un compromis là aussi réducteur ; une nouvelle génération de metteurs en scène se saisit avec rage du jeune Brecht, présenté comme le Poète expressionniste majeur de la scène, au détriment des textes de la maturité, considérés comme plus dogmatiques : Baal contre Galilée !


Théâtre musical


Aujourd’hui, il nous semble essentiel de renouer avec l’esprit même du théâtre de Brecht, à savoir une jubilation permanente de la tête et du coeur, une oeuvre d’art totale où toutes les composantes du spectacle et du spectaculaire se donnent rendez-vous.
Nous allons donner à entendre un aspect trop souvent négligé de l’oeuvre de Brecht : son inextricable lien entre musique et poésie.
Le travail de traduction et d’adaptation est tout entier placé sous cette double invocation : rendre compte de la formidable truculence poétique de la langue de Mère Courage. Il ne faut jamais oublier que Brecht, en « pilleur » de génie, s’est fortement inspiré de son glorieux ancêtre, Grimmelshausen, qui en 1668, publia Les Aventures de Simplicius Simplicissimus, l’équivalent germanique en force et en puissance du Don Quichotte, et qui créa le personnage de Mère Courage !
Avec Mère Courage, Brecht poursuivait son travail de dramaturge populaire. Il n’a eu de cesse de maintenir un lien d’exigence extrême entre une réception large et populaire de son travail et une stratégie formelle faite d’un dialogue constant entre musique et théâtre. Notre Mère Courage est donc avant tout musicale ; elle se cristallise principalement autour d’une nouvelle articulation entre les chants et les passages purement dramatiques. C’est Mère Courage que nous voulons chanter, avec toute la polysémie poétique que nous offre cette formulation.


Une parabole sur la « nécessité » de détruire pour pouvoir survivre


Dès lors, les choix dramaturgiques s’imposent et se déroulent avec une nouvelle évidence. Tout en respectant ce qui, à nos yeux, forme l’unité centrale de la pièce (une évocation politique et poétique des ravages de la guerre), nous privilégions un déroulement rapide des tableaux, toujours ponctués par un contre-discours musical incisif.
Il s’agit d’amener la pièce à son efficacité maximale. Notre adaptation d’environ 90 minutes accentue son déroulement dramatique et développe une approche nouvelle où prime avant tout le rythme.


Faire de la musique un personnage


Notre travail de réflexion dramaturgique prend également appui sur une nouvelle approche du corpus musical de la pièce. Comme bien souvent chez le créateur du Berliner Ensemble, on trouve des emprunts permanents à des textes plus anciens qui avaient déjà fait l’objet d’adaptation musicale. Mère Courage constitue dès lors une sorte de creuset où l’on retrouve la trace de trois compositeurs qui ont collaboré avec Brecht : Weill, Eisler et Dessau.


Nous nous appuyons pleinement sur leurs univers musicaux. Une nouvelle orchestration et la composition d’un paysage sonore par David Aubaile et son compagnon de scène Allen Hoist, deux musiciens qui viennent du jazz et de la musique du monde, créent le sous-texte sensuel de notre spectacle.


Distribution


Comédienne et chanteuse lyrique, Antonia Bosco incarne l’opiniâtreté de Mère Courage. Jean Marc Salzmann, dans le rôle du cuisinier, forme avec elle le couple protagoniste. Geneviève de Kermabon est une Catherine joueuse et d’une terrible présence, accrochée dans les airs, muette et impuissante. Jérôme Maubert joue son frère Schweizerkaas, Fabien Marais est un aumônier atypique dans sa gaucherie. Des comédiens issus du Conservatoire de Paris, du TNS et de l’ERAC complètent la distribution.

René Fix et Gerold Schumann

juin 2011

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