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: Scénographie - Esthétique

L’espace


Le plateau, notre souterrain, est divisé en deux parties face/fond, séparé par un tulle. Il est blanc, sale, comme une neige boueuse. C’est une toile vierge.


La partie avant prend les deux tiers de la profondeur du plateau. C’est l’espace de jeu, de dialogue, d’adresses public.


Le tulle sert à la fois de support de projection pour les images-­vidéos mais également de limite mouvante. Par les jeux de lumière il nous permettra de dévoiler ou d’occulter l’espace arrière. Il est perméable aux comédiens par deux fentes, une à cour et une à jardin.


Au fond, derrière ce tulle, est l’espace du souvenir. Un lieu de fantasmes, de fantômes. Un refuge, un lieu d’images. Ici se tient en attente la marionnette de Lisa, on la devine parfois. C’est de ce lieu qu’arrivent les comédiens. Ils ont la possibilité d’y retourner pour se retrouver, créer des scènes muettes, prier, souffler. C’est l’antichambre.


Des câbles pendent des cintres dans l’antichambre. Ils sont des racines venues de la surface, vaisseaux où circule l’influx électrique, pluie solidifiée. Ils envahissent à la manière d’une jungle de liane puis dégueulent par les fentes du tulle vers les zones Cour et Jardin. Ils relient les deux comédiens et alimentent dans le même temps les instruments et micros. L’espace central est libre de ces câbles.


La marionnette : Lisa


Il me semblait évident, vu la place qu’occupe le personnage de Lisa dans la dernière partie des Carnets du sous sol, qu’il fallait la représenter. C’est le seul personnage féminin, une prostituée, que notre protagoniste rencontre lorsqu’il décide de s’encanailler, de se «confronter à la réalité», comme ces occidentaux qui se rendent en Asie pour profiter de leur supériorité sociale.


Elle agit comme un miroir déformant, renvoyant son arrogance au personnage. C’est le mur contre lequel il s’écrase. Mais elle n’est qu’un souvenir. Une projection du désir, son objet. Elle n’est pas aimée pour ce qu’elle est mais pour ce qu’elle représente. Celle que l’on peut sauver ou détruire, qui regonfle l’orgueil, qui construit le héros romantique.


Il m’est apparu comme une évidence que sa représentation serait une marionnette. Un corps que l’on peut manipuler, soumettre à son désir. Une poupée gonflable, ou plutôt une de ces «real-­‐doll», des poupées réalistes en silicone fabriquées pour assouvir les besoins sexuels de certains. Un mannequin de supermarché articulé.


C’est le côté impersonnel qui m’intéresse, interchangeable. C’est un réceptacle à fantasmes, à désir, à projection. Ce n’est pas un individu. C’est un objet.


De plus, la marionnette porte en elle-­même, de manière intrinsèque, la mort. Elle lutte pour survivre, comme un souvenir qui ne veut s’effacer.


Ce corps peut être manipulé à vue par chacun des comédiens pour créer des situations, provoquer son partenaire, l’emmener dans son histoire.


J’ai envie que ce corps soit étreint, touché, violenté, jeté, idolâtré, démembré, embrassé.

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