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Le Monde e(s)t moi

mise en scène Laure Rungette

: Notes de mise en scène

Un spectacle « à vif », à vue, sans concession, ni effet de style, plateau réduit à l’essentiel. Se jouer de la distance et de l’intimité extrême, pouvoir zoomer ou éloigner l’image, respecter la faille et surpasser les limites, car le focal se fait uniquement sur l’être et le mal être, en construction et déconstruction.
La vie de ces deux adolescents, Jérémie et Lou, tient à un fil, à peu et à beaucoup de choses à la fois, existe à cause ou grâce à quelques mots, peut exploser à chaque instant. Devenus inséparables le temps d’un voyage, revenus dans la « vraie vie », sauront-ils, à la vie à la mort, s’aimer, se détester, se retrouver, s’ignorer ou…


Un espace commun aux deux ados : leur chambre respective. Un espace à la fois ouvert et fermé, avec un élément scénographique unique et central : un mur.
Mur évolutif tantôt opaque ou transparent, rempli ou totalement vide. C’est le mur de leurs rêves, de leurs cauchemars, de leurs fantasmes, de leurs déchirures, de leurs cris, de leurs silences, de leurs lamentations, de leurs états d’âmes, etc. Ils s’y cognent, s’y défoulent, s’y projettent.


« Un mur, ça se tait. Ça a l’air d’être en veille quand on lui parle. Ça reste muré dans son silence, en toute indépendance. Moi d’ailleurs, je préfère parler à un mur plutôt qu’à la plupart des gens. Les murs ne te font pas ces remarques ridicules que t’as pas envie d’entendre mais qui te trottent quand même dans la tête.
Les murs ont toujours le temps. (…) Un mur n’écoute peut-être pas. Mais de doute manière, personne n’écoute.(…)
On y découvre toujours quelque chose de nouveau quand on le fixe en pensant à autre chose. Et il est capable de consoler. »
Entre Dieu et moi, c’est fini de Katarina Mazetti


Pour Jérémie : l’espace se vide peu à peu, se désincarne, se désintègre et pourrait se résumer au final à un ultime carton de déménagement. Point de non retour. Sur son mur, des photographies en noir et blanc de Lou apparaissent, se fragmentent, se déstructurent puis s’effacent au gré du monologue. Images éphémères, parfois discrètes, parfois trop envahissantes, comme un souvenir immuable, émouvant, si loin, si proche et pourtant si fragile, quasi insaisissable.
Pour Lou : mouvement inverse, l’espace se remplit de plus en plus, pour finir par être étouffant, comme pour mieux le quitter. Sur le mur de sa chambre : un tableau noir tapissé d’écriture, de bouts de croquis, de tags, de photographies, de rayures, de fêlures. Elle refait « son mur » de Berlin : éponge, craie, eau… écrire, effacer, dessiner, taguer, raturer…


Un autre espace aux lisières de leurs chambres, de leurs murs respectifs, comme un ailleurs, un autre espace temps : celui des possibles, des flash-back, des souvenirs revisités. Moments saisis sur le vif, pouvant se jouer en arrêt sur image: bascule lumières (type lumières studio / cut cinéma) et son (rythme techno sorte de leitmotiv). Le lien entre les deux monologues se tisse également par la musique, omniprésente, parfois indécise, violente, lancinante, nostalgique : mélange de techno, imbriqué d’extraits de textes de chansons… Comme dans leurs folles escapades nocturnes, la musique les porte, les enveloppe, les accompagne : véritable découverte pour Jérémie et prolongement d’états grisants pour Lou. L’univers musical du spectacle s’écrira « en live » au fil des répétitions. De son côté, le texte continuera à cheminer à l’épreuve du plateau, tandis que le jeu se nourrira des deux journaux intimes de Lou et Jérémie.


Une création lumière à la lisière du noir, rythmée par des séquences aux atmosphères parfois diamétralement opposées. Se succèdent des « ruptures » lumières induisant des ellipses temporelles avec changement radical de lieu et de subtiles « fondus enchaînés » en osmose avec les images projetées mettant en exergue la pensée, l’absence, le rêve, le voyage, le souvenir, ...
Traitements nocturnes : une nuit pour toujours, une nuit à jamais, en référence à leur dernière nuit berlinoise qui les a murés dans le silence. Comment créer la dualité et l’extrême solitude de ces deux destins qui fusionnent, se croisent, se choquent : pour quoi faire ? Mieux se retrouver ? Mieux se séparer ?
Ambiance calfeutrée, nuit profonde pour Jérémie / Ambiance petit matin blafard, glacial pour Lou.

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