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Accueil de « Le Journal d'une autre »

: Notes pour la reprise du spectacle

Le rapport entre les deux actrices se tisse comme le rapport ente ces deux femmes et le théâtre prend là son sens, dans cette proximité, cette pudeur, cette clandestinité.


Revenir toujours. C’est une manie alors de revenir au spectacle, de le creuser après l’avoir éprouvé et traversé en représentation - l'année passée au théâtre Paris-Villette.
Cette fois-ci il y a un changement, Journal d’une Autre se poursuit avec une nouvelle comédienne Johanna Korthal Altes. Je profite de cette variation comme d'un élan. Comme si ce gros recueil, « Notes sur Anna Akhmatova », demandait qu'on soit souple et qu'on adapte notre démarche au livre autant que le livre s’adapte à nous. La venue de Johanna me permet de m’approcher une fois encore des choses qui me tiennent à cœur, de ce qu’on pourrait nommer mon point de vue. J’ai toujours l’impression que le théâtre se fait au bord de quelque chose. Au bord de la scène, au bord des mots, au bord de ce qui échappe.
Et il s’agit bien de ne pas s’en échapper, de cette situation terrible que vivent ces deux femmes en pleine époque stalinienne, dans cette petite chambre minable et froide de l'appartement communautaire.
Cette histoire raconte aussi le froid, la pauvreté, la création dans des conditions rudes et inimaginables pour nous. Reconstituer au théâtre dans un luxe de décor la pauvreté serait absurde. On ne peut travailler qu'à "mains nues", il n’y a pas d'autres moyens pour ces deux femmes et il n'y en aura pas d'autres pour nous. Pas de bande son, une table, deux ou trois tabourets, un éclairage simple, deux lampes de poche et nous face à ça. En face de ça.
Se parler était risqué mais elles se parlent et par leurs étranges discussions elles se créent un abri de mots. Leur relation, les dates qui ponctuent le récit, puis des bribes de dialogue et par moment le silence et les poèmes qui se chuchotent.
Et soudain une marge d’improvisation, ce que Marina Tsvétaeïva, autre grande poétesse russe, nommait « le risque de la liberté »

Isabelle Lafont

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