Entre une esthétique très burlesque, théâtrale et graphique pour la première pièce et un travail beaucoup plus cinématographique et réaliste pour la seconde, les costumes soulignent deux manières opposées de traiter un même sujet.

Dans La fin du monde en mieux, suivant le rythme fou d’un chantier improbable et caricatural, les ouvriers et leurs chefs prennent des allures de cartoons tex avery à la méchanceté bête et gratuite. Les hommes sont réduits à leur fonction par les costumes, devenant de monstrueuses marionnettes toutes semblables et interchangeables dont la logique absurde semble n’être qu’une farce cruelle. Grâce à un code graphique bicolore très marqué, les comédiens deviennent d’incompréhensibles panneaux signalétiques vivants. Portants tous le même masque, les ouvriers ont perdu leur humanité pour devenir des machines asservies à l’entreprise. Face à cette terrifiante farce, le prophète apparaît vêtu comme un joueur de foot. Il est l’image décalée, à la fois prophète, poète et révolutionnaire. Il est l’image populaire par excellence à laquelle chacun peut s’identifier.

C’est au contraire de façon extrêmement réaliste qu’a été envisagé le travail des costumes pour Arrêt sur zone tous feux éteints Pour chaque personnage, nous avons taché de penser, à la fois à la figure publique, officielle, et à la figure privée, humaine. Plutôt qu’un costume c’est la garde robe de chaque personnage que nous avons construite afin d’y piocher les meilleurs outils pour façonner non seulement un rôle mais aussi une personnalité.

Il existe donc une vraie rupture au niveau des costumes entre les deux pièces. C’est pour cela que le moment du changement à vue a été pensé afin de faire le lien d’un texte à l’autre. Lien non seulement esthétique, mais également signifiant, grâce à l’apparition de la silhouette du comédien sans costume et pourtant toujours en train de jouer.