L’un des enjeux de la scénographie était de créer un espace qui permette de passer du chantier du centre Thalasso thérapeutique à l’ambiance inhospitalière du bord d’autoroute.

Inspirations

L’élaboration du décor s’est faite à partir de la seconde pièce. Le chantier qui a lieu dans La fin du monde en mieux, abouti sur le décor de Arrêt sur zone tous feux éteints. Les ouvriers progressent d’abord autour d’un volume bleu caché par des bâches. Toute l’absurdité et l’ironie tient dans le fait que le chantier n’avance pas mais recule, le prophète est le grain de sable qui détraque la machine, il ramène la nature et le désordre. Les ouvriers déconstruisent l’espace. Les bâches tombent, laissent apparaitre le deuxième décor et sont raccrochées à une perche latérale pour créer un écran de projection vidéo.

La lumière change, se resserre. L’espace est alors une représentation réaliste d’une station service abandonnée, un de ces lieux préfabriqué comme il en existe des milliers le long des routes, symbole d’une certaine modernité. C’est une architecture aux lignes efficaces et à la beauté froide. Dans ces ruines modernes, la nature commence à reprendre ses droits. Les films d’Herzog (les nains aussi ont commencé petits) et Tarkovsky (Stalker) ont nourri notre imaginaire.

Réalisation

La scénographie est un outil de jeu pour les comédiens qui en ouvrier de chantier déconstruisent ce premier décor pour en former un nouveau : la station essence de la seconde pièce.
Les objets qui alimentent le décor (cagettes en plastique, bétonnière, diable, etc.) sont des éléments déréalisés qui servent de manière loufoque au chantier de l’avenir. Un univers en plastique figurant la spirale absurde du monde du travail.

Le décor de la seconde pièce ouvre une polyphonie de sens: station essence, frontière, lieu de passage. A la fois concret, il laisse néanmoins la possibilité de dessiner des espaces fragmentés et de jouer sur une narration cinématographique.

Annabelle Simon