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: Pistes de travail

Une création avec et à partir du texte de Goldoni


Nous jouerons la pièce de Goldoni à partir d’une nouvelle traduction, plus en lien avec le plateau, plus directe. Le traducteur, spécialiste de l’écriture de Goldoni, fera sa traduction en même temps que notre première résidence de recherche, sa traduction sera en lien avec le plateau. De plus, sa connaissance de la phrase goldonienne nous sera très précieuse dramaturgiquement pour nourrir nos improvisations et nos réfléxions sur la pièce. Premier enjeu : se mettre à l’écoute du texte. Faire confiance à Goldoni. Son portrait sociétal et son écriture ne sont pas désuets. “Les gens” de Goldoni parlent parce qu’ils vivent et qu’ils parlent comme ils vivent. Ils ne parlent pas d’une façon littéraire. Il nous faut retrouver la verve de Goldoni, cette langue directe et moderne que les traductions ampoulées ont appauvrie. Goldoni aime les acteurs, toutes ses pièces sont, avant tout, des écritures qui viennent du plateau, des improvisations. C’est cette liberté là que nous cherchons. Donner d’autres éclairages aux situations, surprendre le spectateur avec un ton plus subversif, approfondir les non-dits du texte, prolonger la parole par le corps ou l’inverse. La mécanique de Goldoni est précise mais nous voulons accentuer en elle une folie, amener une liberté à l’intérieur de cette mécanique. Des inattendus, des insolences et de belles trahisons. Le spectacle alternera ainsi le texte de Goldoni et des improvisations d’acteur. En aucun cas il ne s’agira d’une destruction du texte. C’est lui, au contraire, qui permet de libérer l’acteur du poids de la tradition. Nous sommes convaincus que l’écriture de Goldoni le permet.


L’espace et l’acteur


Les deux espaces de la pièce seront des supports de jeu pour l’acteur. Dans la première partie, l’acteur sera sur le départ, dans une tension. Il sera entouré de cartons, de valises, l’espace se déconstruira au fur et à mesure des préparatifs. Tous les acteurs seront rassemblés dans un espace très petit (en bord de scène), restreint pour pousser l’excitation et l’hystérie dans leurs corps. Nous souhaitons mettre en jeu l’acteur de manière paradoxale : comment jouer la situation au premier degré, sans “trucs”, dans une sincérité absolue ? Comment, malgré ce premier degré, pourra-t-il déployer une folie, éviter les écueils de jeu (musique toute faite, jeu désuet, effets d’éventail…) ? Comment arrivera-t-il à creuser chaque dialogue, chaque situation jusqu’à arriver à une énergie de jeu qui le libère ? Le but est, bien sûr, d’avoir une connaissance tellement précise de l’oeuvre, d’être tellement sûr de chaque situation que l’acteur puisse prolonger le texte de Goldoni par des lâcher prises surprenants, des moments improvisés, sorte de lazzi contemporains. Dans le deuxième lieu (celui de la maison de la villégiature), nous construirons un espace beaucoup plus réaliste où les acteurs développeront un jeu proche du quotidien. Les répliques se superposeront comme dans la vie quotidienne. C’est dans ce second volet que les acteurs seront parfois en improvisation, sortiront et entreront dans le texte de Goldoni en fonction de rendez-vous communs fixés en répétition.


Casser le phrasé, retrouver le concret


Nous pensons que Goldoni n’a pas besoin de se “jouer”, son phrasé n’est pas musical, il est direct et concret. Notre travail privilégiera donc l’adresse directe entre les personnages ou avec le public. C’est, par exemple, ce que permettent tous les apartés. On a tendance à les utiliser uniquement de manière rythmique, comme un contrepoint. En fait, il s’agit de moments où l’acteur exprime ce qu’il ressent vraiment aux spectateurs, en dehors de tout contrôle intelligible. C’est la parole vraie, une parole tellement sincère qu’elle ne peut pas être entendue par les autres, sinon elle serait un ravage social. Et c’est ce lien unique avec le spectateur qui est à préserver : il devient un recours pour l’acteur, un repos pour se débarrasser d’une parole trop frontale, trop cruelle. Les apartés sont des moments d’intimité violents. C’est aussi un lien très important avec le spectateur : pris à témoin, il fait partie du spectacle. Ce travail sur les apartés sera représentatif de notre rapport au texte de Goldoni, que nous voulons simple et clair, pas projeté, et, pourquoi pas, poussé jusqu’à une certaine quotidienneté. Rien de volontaire.

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