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L'Opéra de Quat'sous

+ d'infos sur le texte de Bertolt Brecht traduit par Jean-Claude Héméry
mise en scène Laurent Fréchuret

: Le point de vue de Samuel Jean, directeur musical

Comment est né le projet de monter L’Opéra de quat’sous ?


Samuel Jean : Après des années comme pianiste et chef de chant, j’ai ensuite entrepris la carrière de chef d’orchestre. C’est dans cette fonction que j’ai rencontré Laurent Fréchuret à l’Opéra de SaintÉtienne pour la créations de deux opéras, Le Château de Barbe-Bleue de Bartok et La Voix humaine de Poulenc. Sur ces projets, nous avons pu explorer, chacun dans notre discipline, la liaison entre musique et théâtre dans un échange harmonieux. Ces projets ont révélé de véritables affinités entre nous. L’idée de continuer l’aventure ensemble avec L’Opéra de quat’sous est apparue tout de suite comme une évidence.


Quel est le rôle de l’orchestre dans cette création ?


S. J. : Dans cette production, on ne retrouve pas le rôle traditionnel du chef d’orchestre face aux musiciens avec sa baguette. La direction d’orchestre se fait du piano, lesmusiciens sont sur le plateau parmi la troupe. Cette présence desmusiciens sur le plateau, et non dans la fosse, leur confère une identité de groupe, à l’image d’un jazz band. Cela implique une plus grande autonomie de l’orchestre qui est plus réactif à ce qui se passe sur le plateau. La musique de Kurt Weill amène cette liberté-là. Les musiciens sont aussi amenés à participer théâtralement au spectacle, incarnant des pauvres, des fauxmendiants, une fanfare de deuil…


Quels instruments composent l’orchestre ?


S. J. : Il y a dix musiciens sur scène. Comme dans les jazz band, certains musiciens sont multiinstrumentistes. Face au piano, point central de l’orchestre, toute la famille des saxophones est représentée. L’un des deux saxophonistes joue également de la clarinette et de la flûte traversière. Il y a également deux trompettistes, un trombone, un percussionniste, un contrebassiste, un guitaristebanjoïste, un accordéoniste-bandonéoniste. Nous sommes donc très proches de l’orchestre de jazz avec beaucoup de cuivres et peu d’instruments à cordes. L’Opéra de quat’sous date de 1928, période qui marque les débuts du jazz en Europe. L’influence du jazz dans la musique de Weill est indéniable. Mais elle est pétrie d’autres influences, celle de la musique purement classique, de Beethoven, de Mozart, celle des grands opéras. Il y a également des aspects propres à lamusique de Bach, avec une écriture en contre-point, désuète au début de XXe siècle. On retrouve également des formes d’écritures pianistiques du XIXe siècle romantique, des échos de musique populaire, de chansons des rues, de blues, différentes danses de l’époque sont également convoquées (le fox-trot, le tango…). Ainsi, la musique deWeill est bourrée d’influences qui vont bien au-delà du jazz et du cabaret. Dans ce collage musical, Weill conserve néanmoins un langage harmonique qui lui est propre, ce qui amène sans doute l’incroyable unité musicale de cette oeuvre.


Comment avez-vous choisi les interprètes de cet Opéra de quat’sous ?


S. J. : L’Opéra de quat’sous est un opéra, c’est-à-dire une pièce chantée. C’est en fait un opéra comique qui utilise le parlé et le chanté. La distribution de L’Opéra de quat’sous soulève donc une question incontournable : faut-il choisir des acteurs qui savent chanter ou des chanteurs qui tentent de jouer la comédie ? Avec Laurent, nous avons décidé de confier les rôles des jeunes femmes (Polly, Lucy et Jenny), qui chantent les airs les plus vocaux, à des chanteuses de formation. En revanche, les rôles masculins seront défendus par des comédiens chanteurs. Leurs voix sont plus bruts, moins travaillées, mais l’aspect âpre et dissonant de certaines chansons ne doit pas être gommé.


Quel est votre axe de travail ?


S. J. : Mon rôle de directeur musical est d’éviter les clichés liés à cette musique, de définir ensemble les termes « parlé-chanté », de permettre au chant d’atteindre l’épure afin d’obtenir un résultat vocalement et musicalement beau. Mon but est de parvenir à la plus grande cohérence stylistique. La musique dans L’Opéra de quat’sous n’est pas un prétexte au théâtre, un truc en plus. Il y amême des moments où la musique est première, où il est superflu de surjouer le texte, car la musique est là. On s’interroge beaucoup avec Laurent sur la part du jeu et de la musique, qui ne doivent pas entrer en concurrence ou créer des redondances.


Sartrouville, juin 2011

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