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Fritz Bauer

Pierre-Marie Baudoin ( Mise en scène )


: Le Spectacle

La première question qui s’est posée, avant même de commencer le travail de répétitions, fut d’élaborer l’espace des prises de parole dans les configurations de procès. Le choix que nous avons fait et qui va dans le sens d’un profond dépouillement, d’un lieu de paroles, d’un lieu de mémoire, d’un lieu de témoignages, d’un lieu où les acteurs renvoient aux spectateurs des questions qu’ils ne peuvent ignorer ou qu’ils ne peuvent pas ne pas se poser, c’est le choix de la salle vide, brute, la salle de théâtre. La salle immense comme une boîte à histoires que chacun de ces sièges vides porte –absences multiples ou plutôt présences infinies- a vu, entendu, symbole d’une mémoire historique qui renvoie au commencement de notre ère et qui appelle les générations futures à la vigilance. La salle de théâtre sera donc notre espace de jeu, notre espace du dire, notre espace de présences, les témoins parleront au nom de toutes ces places restées vides, les accusés seront regardés par ces victimes et jugés par les spectateurs assis face à eux sur le plateau.


La salle de théâtre s’apparente donc à la salle des différentes procédures menées par le procureur Fritz Bauer. Ces procès sont le corps de notre spectacle, ils constituent en priorité l’action, la lutte de ce juriste d’exception. Nous mettons en avant ce qui dans le procès de Francfort sert notre propos. Il y a à la fois un système, une société qui a profité des camps de travail pour s’enrichir et la difficile entreprise de ceux - accusateurs et témoins - qui veulent faire entendre une voix de douleur, de souffrance aux oreilles de ceux - accusés et ensemble de l’opinion publique - qui n’entendent rien.


Dans le corps des débats, il y a des arrêts, des pauses, des moments transversaux durant lesquels des brèches seront ouvertes. Elles offriront deux types de prises de parole face caméra. D’une part, des réflexions d’Hannah Arendt sur la valeur de ces procès et sur le profil des accusés, d’autre part, des témoignages des proches collaborateurs autour de l’action et la personnalité de Fritz Bauer.


En ménageant des moments de discussion directe avec les spectateurs nous souhaitons les amener à sillonner les chemins escarpés de la lutte du procureur. Ces moments de conversations prennent place sur la scène du Théâtre autour d’une table et prolongent les enjeux des procès. Ils sont l’écho du cheminement intérieur d’un homme qui cherche à faire justice, et qui, dans le même temps, créée une nouvelle façon de l’établir.


Dans presque chaque prise de parole des témoins au procès de Francfort, il est fait allusion aux compromissions des entreprises allemandes qui ont travaillé pour les camps ou en ont profité et aux activités politiques, économiques et sociales des accusés que ce soit à Auschwitz ou depuis la chute du nazisme. Nous souhaitons suggérer à maintes reprises que le miracle économique allemand des années 1960 est porté par les mêmes entreprises qui avaient collaboré avec les nazis.


Nous devons abandonner cette distance sublime au nom de laquelle l’univers du camp nous est incompréhensible. Nous connaissons tous la société d’où est sorti ce régime qui a pu produire ces camps. Extrait du spectacle, Fritz Bauer…

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