: A toi Philippe
Comment écrire, il y a déjà tant de mots, de traités, de résolutions,….tant de
mensonges et de promesses volées.
Aujourd’hui, à la relecture de L’Affiche, je mesure à nouveau, qu’il ne s’agit
pas de faire un spectacle de plus, jamais d’ailleurs quel intérêt ! Mais de
retrouver le sourire perdu, fatigué de mes amis de Toufa et de ce couple âgé,
inquiet, fatigué aussi croisé dans la rue de Tel Aviv. Je sais que je me refuse à
faire un spectacle « typique » « ethnographique » si je peux dire, reprenant le
soi disant imaginaire de cette terre. Les acteurs devront acter de cet
engagement là ! Ils devront être derrière la parole donnée, légèrement en
retrait, dans une discrétion psychologique si l’on veut ! Mais toujours au coeur
de cette déchirure intérieure. De cette violence là ! De cette violence qui leur
est faite.
Le texte me semble plus travailler sur le tiraillement, le déchirement de chacun
avec lui-même, plutôt qu’un unique déchirement avec la communauté d’en
face et c’est ce qui me rapproche de cette histoire, cette proximité du conflit
est là, inscrite en chacun, prête à surgir au moindre relâchement de vigilance.
C’est aussi cette simultanéité de crises en chacun des personnages,
simultanéité avec la crise qu’ouvre le conflit.
Délicat aussi le sujet comme on continue de me le rabâcher et alors devons
nous nous taire….quitte à se tromper, quitte à défigurer mon frère palestinien,
mon frère israélien, je préfère vous convoquer sur le plateau du théâtre et
vous accompagner jusqu’au tomber du rideau, comme un couperet final !
Délicate est l’écriture de l’Affiche, par sa langue, sa poétique. Sa façon de se
tenir sur le seuil et de ne jamais fermer la porte. D’être toujours à l’endroit
juste de la peine de chacun, dans la solitude souvent nécessaire de la
douleur. Nous devrons avoir cette pudeur là ! Non pas la crainte de ceux qui
vivent les drames des autres bien au chaud, mais la discrétion et présence de
ceux qui écoutent les vivants pleins de larmes, chanter.
Nous prendrons visage et corps pour vous, sans déguiser nos visages et nos
corps. Vous vous tiendrez debout dans l’ombre de notre dos, sur l’écran du
fond de scène vous apparaîtrez le temps de nous ramener à l’essentiel si
nous nous perdons. Nous fondrons notre visage dans l’image du vôtre.
Et autour de cette table de banquet ou de négociation nous nous
rassemblerons, et prendrons la parole.
Guy Delamotte
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