: Extrait
LE E MUET, à genoux.
Public d’opérette, demeurez attentif ! Murs, fermez limites ! plancher, soutenez pieds ! gens d’en face : reculez
pas, n’avancez pas ! plafond, protège-nous du soleil et des multitudes de la pluie ! temps, attendez-nous ! gens
parmi là, supportez-nous ! Public d’opérette, empêche-moi de répandre du sang, d’étendre et de rouler ces linges
en bandelettes sur ma tête comme je le fais à l’instant ensanglanté devant toi ! Public d’opérette empêche-moi de
poser ma tête au sol, public d’opérette, empêche ma tête ! Empêche l’opérette, public ! public d’opérette, fais que
l’espace n’ait pas lieu ! Sur le plancher d’ici empêche d’agir ! Public d’opérette, n’écoute pas que je répands devant
toi ces paroles et reçois ici “ma têEêEêhêEte”. Au centre était un mort qui ne s’exprimait qu’en chansons.
LE MORTEL, entrant.
J’ai trouvé des os d’animaux – et ici des ossements humains : j’ai reconnu les ossements humains à ce qu’ils portaient
des yeux.
LE E MUET.
Entrée de deux acteurs dont l’un devient plus vite que l’autre un cadavre aux yeux d’autrui.
LE MORTEL.
Je suis le mort qui ne s’exprime qu’en chansons. J’ouvre l’espace ! L’espace me dit :
VOIX INVISIBLES.
Les portes ! les portes !
LE E MUET.
Entre un homme se précipitant sur sa soeur pour lui témoigner affection. Il sort. Entre un homme aux yeux ébouriffés.
Il entre des corps aux yeux porteurs d’écriteaux.
LE MORTEL.
Entre le Je ambulant et mon ihomme qui s’place dedans !
LE E MUET.
Entre l’homme qui a l’impression d’avoir manqué son corps en entrant.
Valère Novarina : L’Opérette imaginaire, ouverture (Paris, P.O.L, 1998, pp. 9-11).
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