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Kalashnikov

mise en scène Pierre Notte

: Note d’intention

Kalashnikov est l’œuvre explosée d’un marginal. Un quatuor de voix dissonantes qui se font entendre dans trois dimensions opposées. La tragédie antique, la comédie domestique, et le feuilleton télévisuel. Trois dimensions : le théâtre, la vie, la télé.


1. Ce quatuor familial et obscène traverse les drames originels du théâtre universel. Tuer le père, suicider la mère, hériter des deux, vivre sa vie, venger le patriarche trahi, rendre sa justice. Tout y passe. Le père, la mère et l’enfant, suivis par un chœur, dit le Trans, éprouvent les meurtres et les folies des mythes essentiels. Question de rythme, d’énergie, de folie grandiose et de goût pour l’emphase qui dérape. Les mouvements comme les costumes évoqueront les grandeurs des personnages monstrueux de la tragédie antique perdus dans le monde élisabéthain : le père devient un Roi Lear, La mère une Lady Macbeth, le fils un Richard III naissant, et le Trans une sorte de fantôme d’Elseneur, spectre d’Hamlet.


2. Le quatuor traverse des crises de comédie ordinaire et familiale, car il faut bien vivre, et se nourrir, se reproduire, se distraire, s’interroger, s’entretuer. C’est la comédie pure et sanglante de la vie quotidienne qui débarque alors dans ce tableau tragique. Autre rythme, autre énergie, autres folies. C’est la farce méchante qui prend le dessus, de temps en temps. Parce qu’il faut respirer dans le carnage, rire dans la catastrophe.


3. Le quatuor familial vit dans un contexte contemporain foré d’infos, d’images, de figures et de modèles : les séries télévisées, les imitations de la vie fantasmée, fric et sexe, gloire et beauté, et tous en rêvent, tous s’identifient dans des jeux de rôles sordides à d’autres créatures, se les réinventent, se reproduisent des schémas de vie formatées par les débilités assénées par la télévision depuis l’arrivée de la sitcom, comédie de la vie. C’est aussi à cela qu’ils jouent, c’est là qu’ils se réfugient. Quatre comédiens, quatre créatures emblématiques traversent trois dimensions de jeux différentes, opposées, dans un espace bifrontal. Les voilà, en plus, coincés, bloqués entre deux grandes allées de publics, de vivants spectateurs qui les regardent, jouent avec eux, respirent avec eux. Leur histoire : comment après la catastrophe inhumaine, fabriquée par l’humain seul, le fils sorti à peine de l’enfance peut-il encore croire en l’intégrité de son père et de sa mère ? Que fait-il de ce qu’on lui lègue ? Comment peut-il en finir avec son père, avec sa mère ? Comment se décrassent-ils, les uns et les autres, de tous les modèles imposés, des idoles poussées partout et tout le temps comme des mycoses à la liberté ? Et où est l’autre pendant ce temps-là, cet autre, l’amour ou le frère, celui qui sauve ? Qu’est-ce qu’il fout, celui-là, le frère, l’amour, le messie, qu’on attend et qui ne vient pas ?

Pierre Notte

mars 2012

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