theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Kalashnikov »

Kalashnikov

mise en scène Pierre Notte

: Note de l’auteur

Il y a le père et la mère qui attendent le retour du fils - pas tellement prodigue - d’Afghanistan. Il y a fait la guerre. Ça laisse des traces. Et lorsqu’on revient dans son foyer après avoir côtoyé l’horreur, les choses ont changé. Alors il repart vers une autre guerre, une quête identitaire. À l’assaut de l’ennemi intérieur.
De qui sommes-nous les enfants ? De qui sommes-nous les fils ?
De quelle génération désopilante de terreurs descendons-nous ?
Ces questions obsèdent l’enfant qui à l’aide du trans - tel un sphinx qui proclame les oracles - va venir à bout des figures tutélaires.
Kalashnikov a comme un goût de voyage initiatique, mais irrémissible celui-là. L’enfant va jusqu’au bout de son destin, jusqu’à la folie meurtrière.
Tour à tour, acteur et spectateur de leur propre vie, les personnages de la pièce se dédoublent, comme si chacun voulait se défaire de son passé et rejouer le grand rôle qu’il aurait tant aimé incarner. Un jour, le père est Magnum ou un président directeur général qui jongle avec des fonds de pension. Le lendemain, la mère est Super Jaimie ou première dame. C’est un jeu de rôles cruel. La famille fantasme une cohésion, reproduit jusqu’au féroce les messages subliminaux assénés par les publicités, les génériques, les émissions, ce qu’il reste de leur monde - au bord du gouffre.
La télévision est éteinte mais les programmes se jouent en direct. On s’occupe comme on peut. Tout est bon pour ne pas sentir le temps qui sclérose et ces heures qui n’en finissent pas de passer.
Le mythe d’Œdipe est une trajectoire pour ouvrir des tiroirs et s’y coincer les doigts - ça fait très mal. Le fils a encore des illusions, il va les perdre tout au long de son voyage, comme s’il n’y avait plus aucun espoir d’échapper à l’énigmatique et grand désastre d’être vivant.
Seul le trans - créature physiquement modifiée - annonce pour sa race des jours meilleurs.
La terreur et la pitié dont parle Aristote, ce n’est peut-être que l’instant précédent l’irréparable.

Stéphane Guérin

mars 2012

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.