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Erwin Motor, dévotion

+ d'infos sur le texte de Magali Mougel
mise en scène Delphine Crubézy

: Notes de mise en scène

Scénographie


La première impression qui ressort à la lecture du texte c’est l’absence de définition des espaces qu’occupent les personnages. Nous sommes dans une usine de pièces détachées automobile, sur une chaîne de montage des neimans pourtant rien n’est dit sur l’espace, pas de descriptions, pas de didascalies. Cela pourrait aussi bien se passer dans tout type d’usines, fabriques, entrepôts ainsi que dans des bureaux... Partout où des salariés sont confrontés à des cadences toujours plus rapides, à des rythmes de travail et des exigences de rentabilité toujours plus soutenus. L’usine est une abstraction, un représentation mentale de l’oppression. Par cette abstraction elle est toutes les oppressions, elle est l’idée de l’oppression.


L’espace du travail est devenu dominant sur les autres espaces et en particulier les espaces privés (la famille, le chez-soi) ainsi que sur l’espace intime des corps. L’aliénation au travail est subie par tous les personnages et même ceux que l’on pourrait considérer comme ayant le pouvoir, Merteuil et Talzberg. Ils sont eux aussi, assujettis à l’entreprise Erwin Motor et s’y donnent « corps et âme ».


L’espace scénique sera vide, structuré par des rideaux industriels à lames de plastique identiques à celles utilisées dans les usines et les entrepôts.
Ces lanières, très maniables, marqueront l’espace de manière translucide et légère mais elles le délimiteront aussi de manière étanche et oppressante. Nous jouerons de leur mobilité pour les refermer sur les acteurs à certains moments ou au contraire ouvrir l’espace et donner la sensation d’un lieu totalement ouvert dans lequel on se sent fragile et isolé.


Les lanières, en structurant l’espace, créeront des zones périphériques hors-champs. Ces hors-champs privés, annexes à l’usine, sont effacés par l’omniprésence de l’usine : la maison des Volanges, le garage, l’espace privé de Mme Merteuil... Ces espaces de jeu, agiront de façon indirecte, par des ombres, des opacités, des flous...
La forêt sera présente aussi, telle une zone de transition mystérieuse et sombre, entre l’espace privé de Cécile et l’usine.


Bien que les personnages soient au coeur d’une usine en pleine activité, ils semblent seuls au monde. Où sont les autres ? Cécile est-elle ce qu’elle croit être ou son reflet démultiplié fait-il d’elle le prototype de l’ouvrière ?


Nous travaillerons les rideaux de plastique comme autant de miroirs possibles qui renverront aux personnages leur image à l’infini.


Cette usine est-elle donc bien réelle ou n’est-elle plus que la trace d’elle-même ? Et si tout cela n’était que la répétition ininterrompue d’une même histoire : la délocalisation d’une usine de production insuffisamment rentable, la décomposition du tissus social qui a lieu dans le même temps que la corrosion s’empare du site.
Nous découvrirons progressivement tout au long de la représentation, une usine déjà vidée de ses machines mais que ces occupants habitent encore, anéantis par cela même qu’ils ont voulu préserver à tout prix.



Lumière


Les lanières plastique sont fabriquées dans un matériaux industriel qui laisse passer la lumière, des éléments (un établi de montage) mais aussi les formes des corps (leur présence-absence, leur silhouette réelle et irréelle). Leur opacité laissera entrevoir des formes floues, des silhouettes, des halos et fera exister le hors-champs dont il est question précédemment.
Nous jouerons ainsi sur le « montré-caché », sur l’invisible que l’on devine, rêve ou fantasme.


La lumière accompagnera la transformation de l’espace, sa corrosion progressive.


Univers sonore


Tout comme pour l’espace, nous travaillerons sur une composition sonore qui évoluera au fur et à mesure de la représentation.
L’usine sera présente au travers de sons industriels captés et retravaillés, floutés, comme issus d’un autre temps, d’un temps révolu. La corrosion sera elle aussi présente au travers de l’univers sonore.


Un travail au micro fera ressortir certaines parties du texte dont la typographie singulière (usage récurrent des majuscules) raconte comment le discours officiel circule entre les personnages. Il montrera à quel point le discours de la firme est intégré par eux, ingéré puis re-dit comme s’il s’agissait de paroles personnelles.


L’usage et la récurrence des majuscules de ces parties du texte doivent être traités d’une façon particulière et sonore. Nous l’aborderons en travaillant sur le chuchotement, des volumes de paroles très bas et assez doux, relevant les contrastes de la typographie.

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