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Je voudrais être légère

mise en scène Alain Fourneau

: Notes d’intention

À moins que je n’y renonce totalement

"À moins que je n’y renonce totalement, je voudrais faire un autre théâtre : je fuis le théâtre qui m’a jusqu’à présent dégoûtée et voudrais le voir me suivre", dit Elfriede Jelinek, et elle manifeste à maintes reprises sa méfiance vis-à-vis des acteurs et des metteurs en scène, saisis sans pitié dans l’exercice habituel de leurs fonctions.
Alors, comment s’y prendre ? Dire le texte, simplement, peut-être.
À mon tour, je me méfie de cette prétendue objectivité qui nie l’acte théâtral en train de se faire. Je préfère assumer la responsabilité d’une interprétation, et même l’ouvrir dans des sens multiples, en laissant au spectateur le soin de se faire sa propre opinion.
Une façon de pratiquer cette ouverture est celle de confronter les mots de l’auteur à d’autres langages ; en particulier, dans ce cas, celui de la danse et du théâtre de figure : une façon de renvoyer le texte à sa spécificité littéraire, et créer par ricochet d’autres espaces de réflexion.
Une partition autonome se déroulera pour les trois interprètes, et ce seront les croisements, ou les superpositions de trois parcours qui pourront créer accessoirement du sens, dans une direction similaire ou même opposée à celle évoquée par le texte.
Au delà de l’exercice de style, ce qui m’intéresse dans cette confrontation est la possibilité d’expliciter sur le plateau toute la richesse sémantique du texte, et au même temps de donner forme à des questions qui me hantent depuis longtemps : par exemple qui manipule qui, dans une relation exemplaire de pouvoir comme celle qui lie l’acteur à sa marionnette ? Quel espace reste au vivant dans une écriture codifiée ? Quel lien peut-on établir, ou quelle fracture définitive aurions-nous le courage de constater entre l’art et la culture (notions sans majuscules, à définir plutôt comme possibilités historiquement déterminées d’expression de l’humain) et la société dans laquelle elles s’inscrivent ?
"À moins que j’y renonce totalement", le théâtre est encore le lieu où on peux se poser ce genre de questions. Avant que des critères de pure rentabilité ne finissent de l’informer à ce moment-là, nous pourrons seulement amuser le public, pour le rendre docile et imperméable à toute pensée critique. Mais je crois alors que nous aurons déjà renoncé.

Elisabetta Sbiroli

05 mai 2007

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