"Le théâtre de la Catastrophe rend le langage aussi succulent et venimeux que l'amour dont il est une des formes d'expression"

Mon travail n'est pas expérimental. Il est traditionnel. C'est une forme de théâtre traditionnel. Il y a une fable, des personnages qui parlent un langage non naturaliste…
…une langue inventée reste au centre de la pratique théâtrale…J'ai crée dans mes pièces un idiome pour mon langage qui rejette totalement le fléau naturaliste de la parole au théâtre. Il contient un registre élevé et un registre bas ; d'un côté littéraire, poétique, métaphorique et de l'autre argotique, cru, terre à terre. Beaucoup de répliques ont un rythme particulier. C'est le résultat de la poésie et du courant sous-jacent de l'argot londonien…

"C'est un théâtre anti-brechtient"
…Il y a dans mes pièces un facteur déclencheur, un moment de rupture (guerre, révolution, fin de règne) qui fait que le personnage crée sa propre morale à partir de cet événement, a accès à d'autres profondeurs. Mais il n'y a pas d'éléments de critique sociale. L'acteur ne dicte jamais une histoire morale au public… Dans mon théâtre il n'y a pas de morale collective. C'est ce qui le différencie du théâtre traditionnel. La fonction de l'artiste est de spéculer à propos du monde et de ne pas le reproduire. Nous vivons un déficit dans le réalisme social. Une partie du théâtre aujourd'hui pourrait être représentée à la télévision. Le théâtre n'a pas pour visée de disséminer la vérité mais de donner plus de versions de la vérité…
Le théâtre est un espace transgressif, illégal.
Le public doit désapprendre, se défaire, laisser au vestiaire le bagage des choses apprises…

Howard Barker (extraits)