J'ai passé six semaines l'hiver dernier, à fréquenter quotidiennement au plateau, la pensée, et la langue de Barker en travaillant sa pièce "Les Possibilités" avec les élèves de 3ème année du Conservatoire de Genève.
C'est cette langue et cette pensée qui me donnent aujourd'hui l'envie de parler, de jouer, de faire du théâtre.
Parce que c'est une langue faite pour les acteurs, le plateau,
Une langue incroyablement physique,
Un alcool fort
Qui vous ébroue de bas en haut les milliards de cellules,
Une pensée oblique sur toute chose
Qui vous somme constamment de déplacer le regard,
De ne pas se suffire du sens le plus rassurant, le plus conforme
Mais redonne du nerf et du sang neuf aux visions les plus éculées
Nos certitudes les plus enkystées.
On ne ressort pas indemne des mots de Barker.
Les mots de Barker sont provocants
Ils provoquent la morale, l'Histoire, les mythes, les idéologies avec un aplomb et une ironie féroces.
Avec cette frénésie des têtes chercheuses,
Barker fouille la nature humaine, retourne les systèmes, requestionne l'informulable,
L'impensable, …
Non pas par sadisme ou masochisme
Encore moins pour "faire la leçon"
La langue de Barker ne souffre d'aucun didactisme
Elle décrasse la pensée, dévérouille les désirs, remet les compteurs à zéro,
Va fouiller les "gouffres" pour avoir une chance de "trouver la pépite"
Peut-être !
Comme disait le poète !

Jean-Paul Wenzel