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Couverture de Vers toi terre promise

Vers toi terre promise

Tragédie dentaire

de Jean-Claude Grumberg


Vers toi terre promise : Théâtre et autobiographie

Au cœur des souvenirs d'enfance : une histoire vraie d'après-guerre


J.-C. Grumberg revient sur ses souvenirs d'enfance, et particulièrement sur celui de l'histoire véritable d'une famille juive et de sa souffrance. L'enfant a été témoin de cette douleur qui semble avoir supplanté le drame personnel de l'auteur qui a perdu son propre père dans les camps. Il découvre une hiérarchie dans la douleur, puisque la mère de l'écrivain a pu relativiser la perte de son mari en prenant connaissance du drame de ce couple. Ce couple juif a perdu, comme des millions d'autres, un membre de sa famille.


Un dentiste et sa femme retrouvent leur cabinet de dentiste après trois ans de démarches administratives. Les mesures anti-juives leur avaient confisqué et l'avaient attribué à un Français. Ils ont perdu leur fille aînée après une rafle à la sortie du lycée, leur cadette a été confiée à des carmélites. Après la guerre, anéantis par la mort de leur fille dans les chambres à gaz d'Auschwitz, ils tentent en vain de récupérer leur seconde fille qui ne veut plus les voir, et reste enfermée au milieu des carmélites.


Les autres souvenirs


• Premier souvenir, celui de la mère de J.-C. Grumberg qui aimait tant édith Piaf.
• Deuxième souvenir, celui de la femme du dentiste qui « sans doute » aimait tout autant E. Piaf.
• Troisième souvenir, la chanson Les Amants d'un jour et tout particulièrement cette ligne « Banal à pleurer » dont se souvient parfaitement l'adulte.
• Quatrième souvenir, des dents malsaines obligent l'enfant J.-C. Grumberg à se rendre chez le dentiste très régulièrement (jusqu'à l'adolescence). Le jeune Grumberg a donc eu sa jeunesse marquée pas ces séances sur le fauteuil de son dentiste. L'après-guerre est, pour l'enfant, associée au fauteuil du dentiste où il a passé son temps. Dans le prologue, Clara rappelle : « Qui aime aller chez le dentiste ? »


> Faire faire par groupes une mise en lec- ture et en espace du début de la pièce, (– En guise de prologue de « Clara (Dringgg !) Voilà, voilà. » à « Charles (...) près du lit. Dringgg ! »


Il faudra rendre les élèves particulièrement attentifs à la ponctuation, au rythme et à la dynamique de l'extrait. On pourra faire un travail identique sur le début du tableau « La sélection naturelle » de L'Atelier pour insister sur les liens entre théâtre et biographie. On sera sensible au traitement léger des souvenirs douloureux.


> Faire réfléchir les élèves aux différentes étapes de la construction du texte dramatique.
Le narrateur de la pièce représente J.-C. Grumberg enfant ; la pièce est associée à ses souvenirs d'enfance. elle n'est pas cependant orientée vers l'histoire de sa personnalité. elle raconte l'étape de l'après-guerre dans la vie des Spodek – biographie des Spodek – qui coïncide avec celle de l'enfant aux dents cariées – autobiographie de J.-C. Grumberg. La pièce est écrite du point de vue de l'enfant, témoin patient !
Vers toi Terre promise offre un mélange des genres entre narration et théâtre, autobiographie et biographie, qui s'intensifie avec la polyphonie des discours dans le texte. La pièce devient le carrefour des hommes et de leur Histoire. Peut- être, au dénouement, ne va-t-on pas vers la fin de la pièce mais vers une nouvelle histoire, une histoire à écrire ?


> Faire chercher aux élèves les éléments intertextuels correspondant à l'hétérogénéité de l'écriture (voir annexe n° 2).
On repèrera les dialogues, les soliloques, la voix de l'acteur revendiquant être l'auteur, le chœur antique commentant les événements ou les émotions des personnages, les lettres concernant la spoliation des Juifs, le cantique Vers toi, Terre promise, les chants hassidiques*. Comme dans un concerto où un instrument répond à l'orchestre, le chœur répond à l'ensemble des voix composant la pièce. Cette polyphonie discursive permet une multiplicité de points de vue autour du même thème. Aux éléments réalistes (les lettres) se mêlent les réflexions de l'homme sur la tragédie de l'histoire que constituent l'Holocauste*, les chants, les propos chrétiens de la mère supérieure sur cette vision de la guerre, la lettre de la fille cadette qui ne reviendra pas, les douleurs des patients. Cet ensemble fonde un grand chant auquel le titre du cantique fait écho. Ce chant se révèle être la pièce elle-même, un opéra tragique et dentaire.



Ce dossier, réalisé par le CRDP de l’académie d’Aix-Marseille avec le Scérén/CNDP et le CRDP de Paris, en collaboration avec le théâtre du Jeu de Paume d’Aix en Provence.


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