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Couverture de Richard III - Loyaulté me lie

Richard III - Loyaulté me lie


Richard III - Loyaulté me lie : Scène 15 (extrait)

Extrait sélectionné dans le cadre du dossier Pièce (dé)montée

Scène 15


La duchesse d’York
Morte vie, aveugle vision, pauvre spectre mort-vivant,
Scène de désastre, honte du monde,
Dû du tombeau ravi par la vie,
Recueil abrégé de ces jours d’affliction,
Accorde un répit à ton dépit sur la terre loyale d’Angleterre
Enivrée,par déloyauté, de ce sang innocent !


Richard III
Qui m’arrête dans mon expédition ?


La duchesse d’York
Oh, celle-là même qui aurait pu t’arrêter
En t’étranglant dans son ventre maudit, misérable,
Et avec toi tous les meurtres que tu as commis !
O crapeau, crapeau que tu es, où est ton frère Clarence ?
Et le petit Ned Plantâgenet, son fils ?
Où est le tendre Hastings ?


Richard III
Trompettes, une fanfare ! Tambours, battez l’alarme !
Que les cieux n’entendent pas cette femme jacasseuse
Pester contre l’oint du Seigneur. Battez, j’ai dit !
(Fanfares. Alarmes.)
Ou vous preez patience et me traitez courtoisement,
Ou dans le bruit et la clameur de la guerre
Je noierai votre caquet.


La duchesse d’York
Es-tu mon fils ?


Richard III

Oui, j’en rend grâce à Dieu, mon père, et vous-même.


La duchesse d’York
En ce cas, écoute patiemment mon impatience.


Richard III
Madame, je tiens de vous cette pointe de tempérament
Qui ne souffre pas les accents du reproche.
La duchesse d’York
En ce cas, écoute patiemment mon impatience.


Richard III

Madame, je tiens de vous cette pointe de tempérament
Qui ne souffre pas les accents du reproche.


La duchesse d’York
Oh, laisse-moi parler !


Richard III
Faites donc ; mais je n’écouterai pas.


La duchesse d’York
Je serai douce et tendre dans mes propos.


Richard III
Et brève, ma chère mère, car je suis pressé.


La duchesse d’York
Es-tu donc si pressé ? Moi je t’ai attendue tout ce temps
Dieu m’en est témoin, dans l’agonie et les tourments.


Richard III
Et ne suis-je pas à la fin venu pour votre réconfort ?


La duchesse d’York
Non, par la Sainte Croix, tu ne l’ignores guère,
Tu es venu sur terre pour faire de la terre mon enfer.
Un pénible fardeau fut pour moi ta naissance.
Irascible et opiniâtre fut ton enfance ;
Tes années d’école, terribles, navrantes, sauvages et furieuses ;
Ta prime jeunesse, insolente, hardie et aventureuse ;
Ta pleine maturité, arrogante, sournoise, sanglante, insidieuse
Plus doux, mais bien plus dangereux, tendre dans ta haine.
Quelle heure de réconfort peux-tu me citer
Dont tu ne m’aies jamais fait la grâce par ta compagnie ?


Richard III
Ma foi, aucune, si ce n’est cette heure du petit déjeuner
Qui une fois appela Votre Grâce loin de ma compagnie.
Si je suis à ce point disgracieux à vos yeux,


La duchesse d’York
En ce cas, écoute patiemment mon impatience.


Richard III
Madame, je tiens de vous cette pointe de tempérament
Qui ne souffre pas les accents du reproche.


La duchesse d’York
Oh, laisse-moi parler !


Richard III
Faites donc ; mais je n’écouterai pas.


La duchesse d’York
Je serai douce et tendre dans mes propos.


Richard III
Et brève, ma chère mère, car je suis pressé.


La duchesse d’York
Es-tu donc si pressé ? Moi je t’ai attendue tout ce temps
Dieu m’en est témoin, dans l’agonie et les tourments.


Richard III
Et ne suis-je pas à la fin venu pour votre réconfort ?


La duchesse d’York
Non, par la Sainte Croix, tu ne l’ignores guère,
Tu es venu sur terre pour faire de la terre mon enfer.
Un pénible fardeau fut pour moi ta naissance.
Irascible et opiniâtre fut ton enfance ;
Tes années d’école, terribles, navrantes, sauvages et furieuses ;
Ta prime jeunesse, insolente, hardie et aventureuse ;
Ta pleine maturité, arrogante, sournoise, sanglante, insidieuse
Plus doux, mais bien plus dangereux, tendre dans ta haine.
Quelle heure de réconfort peux-tu me citer
Dont tu ne m’aies jamais fait la grâce par ta compagnie ?


Richard III
Ma foi, aucune, si ce n’est cette heure du petit déjeuner
Qui une fois appela Votre Grâce loin de ma compagnie.
Si je suis à ce point disgracieux à vos yeux,
Laissez-moi marcher sans plus vous offenser, Madame, Battez le tambour.


La duchesse d’York
Je t’en prie écoute mes paroles.


Richard III
Vos paroles sont trop amères.


La duchesse d’York
Écoute-moi, un mot
Car jamais plus je ne t’adresserai la parole.


Richard III
Soit.


La duchesse d’York
Ou bien tu mourras, par un juste décret de Dieu,
Avant de revenir vainqueur de cette guerre,
Ou bien c’est moi qui, de chagrin et de vieillesse, périrai
Sans jamais plus jeter un regard sur ton visage.
Aussi, emporte avec toi ma plus lourde malédiction ;
Qu’au jour de la bataille, elle t’éreinte plus encore
Que l’armure entière que tu porteras sur le corps.
Mes prières combattent au côté du parti adverse,
Et là-bas les petites âmes des enfants d’Édouard
Chuchotent à l’esprit de tes ennemis
En leur promettant victoire et succès garantis.
Sanglant tu es, sanglante sera ta fin ;
L’infamie qui gouverne ta vie sera l’escorte de ta mort à la fin.


Richard III
Trompettes, une fanfare ! Tambours, batte l’alarme ! Battez, j’ai dit !


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