On avance. De par les fougères. On avance.
Jusqu'à ce que ça tonne devant.
Que ça court et que ça revienne gigotant un lapin électrique par les pattes de derrière...
Il a les yeux sous orbites et son nez fait des tictacs de secondes.
Il saute dans l'air pour se redresser, il fait des bonds pour rien.
Enfin ça rigole mais j'ai dit oh il doit avoir mal à force de tête en bas ! Ça doit trop tourner à force de le balancer, faudrait pas le balancer tête en bas comme ça !
Ça rigole de plus belle dent et la rigolade fait tourner le lapin comme un manège, plus ça tourne moins il bouge, plus ça tourne plus il se soulève jusqu'à voler... Les pattes de devant cherchant l'échappée, la queue pompon offerte au gagnant, le museau couinant comme une baudruche, il tourne, il tourne, il tourne puis trois petits tours et puis plus rien sur une pierre.
Le bruit sourd de sa petite tête sur le rocher remonte mon chocolat.
On rentre la peluche de foire dans un sac.
Ça y est.
Ça ne bouge plus.
J'avance poussé sur les rails par une tape sur la tête, allez gamin !
Je marche, derrière le sac.
Le sac a une forme de petit quelqu'un...
Il a la forme du dos plié d'un petit quelqu'un je me dis, dans mon envie de dégobiller.
Je le regarde et j'avance.
Cette forme de petit quelqu'un, je me demande ce qu'elle s'est dit.
Je me demande si elle a eu le temps de me voir à l'envers.
La bouche en haut.
Est-ce qu'elle a eu le temps de voir mes yeux ?
Comment étaient mes yeux d'en bas ?
Dans le manège est-ce qu'elle a eu le ventre qui tourne ?
Comme j'ai le mien en avançant...