b.– Depuis ce jour-là, Abulkasem devient comme une expression entre nous en
classe.
d.– Mais avoue, Abulkasem c’est un nom qui pèse…
b.– Peu à peu c’est devenu…
d.– Mais avoue, Abulkasem ça pèse…
b.– Qui est devenu…
d.– Avoue, Abulkasem.
b.– C’est devenu un truc qu’on disait, d’abord juste pour rigoler, après plus
sérieux… dans la cour, on jouait au billard ou on traînait dans le couloir, on
partageait des Malabar et on causait du dernier épisode de Caméra café et
puis quelqu’un disait, genre…
d.– Avoue, Abulkasem…
b.– Et puis tout le monde se mettait à rigoler parce que… en fait, je ne sais
pas pourquoi. C’était juste, putain, c’était vachement marrant quoi. Et puis
Abulkasem, c’est devenu genre, un mot, tout seul. Au début ça voulait dire
quelque chose de nase, faible, qui tenait pas la route, vague… Eh, mon
frère, c’était comment la fête ce week-end?
d.– Je te jure, mon frère, c’était Abulkasem… Pas de meufs, que des mecs, on a
maté des vidéos et on s’est tiré tôt.
b.– Puis, au bout de quelques semaines, je ne sais pas exactement comment…
le mot a changé de sens, ça commençait à vouloir dire quelque chose
genre, qui pète grave, qui déchire, à bloc…
d.– Eh, mate mec… Mate! C’est trop de la tuerie, oualah, cette meuf, trop nice
jao, slim fit, flo-jo. Grave Abulkasem, avoue…
b.– Et plus tard dans le trimestre, genre en décembre, à l’arrivée du nouveau
remplaçant, Kalil s’est fait jeter du collège suite à une embrouille avec le
prof d’art plastique, là, Abulkasem ça pouvait vouloir dire n’importe quoi.
Ça pouvait même être un adverbe…
d (en baillant).– Putain c’est abuser Abulkasem, je suis resté debout toute la
nuit à mater des vidéos.
b.– Un verbe…
d (irrité).– Laisse tomber, gars, va abulkasemer quelqu’un d’autre, je n’ai pas
eu le temps de réviser.
b.– Une insulte…
d (menaçant).– Ne fais pas l’Abulkasem, man, donne-moi la queue, c’est
mon tour.
b.– Un compliment…
d (h eureux).– Sur la tête de ma mère, c’était du vrai Abulkasem, il leur a mis
quatorze points dans la gueule en première mi-temps.
b.– C’est devenu le mot parfait… Parfois il y avait des malentendus…
d.– Tu veux dire quoi Abulkasem! ? (énervé) Ah, d’accord, tu veux dire
Abulkasem? Non, ça va, pas de blème…
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.