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Xenos

Akram Khan ( Direction artistique ) , Jordan Tannahill ( Écriture )


: Qu’est-ce qu’être humain quand l’homme se comporte comme un dieu sur Terre ?

par Ruth Little, dramaturge

  • Qui est à l’origine de la guerre ?
  • Qui en a attisé le feu ? Qui en porte la responsabilité ?
  • Jordan Tannahill

XENOS fait renaître une question apparue pour la première fois il y a un siècle, durant cette Première Guerre mondiale et qui, depuis, n’a eu de cesse de hanter notre civilisation : qu’est-ce qu’être humain à un moment où l’homme se comporte comme un dieu sur Terre ?
À partir des documents d’archives laissés par près d’un million de soldats indiens, XENOS est la lamentation du corps envoyé au combat et un memento mori pour notre époque, marquée par le violent rejet des uns et des autres et de notre monde. Nos mains représentent la terre, nos corps sont l’argile et nos yeux des flaques d’eau. Nous ignorons si nous sommes toujours en vie.
Dans le livre d’Erich Maria Remarque, À l’Ouest, rien de nouveau, la Grande Guerre impliquait les nations mais ses actes et répercussions ciblaient avant tout chaque corps humain. C’était une guerre où la main de l’homme a eu toute sa place, de l’interminable creusement des tranchées et des tombes au pansement des blessures ; du chargement des armes au déploiement de fils barbelés et de lignes de communication ; du transport des provisions à la fabrication de l’artillerie et à leur incessante distribution sur des centaines de kilomètres de lignes de front en constante mutation.
Mis en mots par le dramaturge canadien Jordan Tannahill, XENOS incarne le rêve hébété d’un soldat indien colonial dans un « no man’s land ». La plupart des sepoys tués pendant le conflit ont été enterrés à l’étranger. Pour ceux qui ont pu retourner au pays, souvent mutilés et traumatisés, une autre forme d’oubli s’est développée, leurs histoires ayant été noyées dans les archives avec la montée du nationalisme indien et le rejet de la domination coloniale. Coupés de leurs propres histoires, de leur pays d’origine et de leurs concitoyens, ils sont devenus des xenoi, des  « étrangers  ».
XENOS dévoile la beauté et l’horreur de la condition humaine.  « X  » n’est personne et tout le monde à la fois. Il est le soldat inconnu et éternel, seul en territoire extérieur, un étranger pour lui-même et pour un ennemi qu’il ne connaît pas.
XENOS est un portrait de l’Homo deus ramené à sa condition humaine originelle d’argile et de feu. Au crépuscule de notre vie, nous ne nous soumettons ni aux dieux, ni aux traditions, ni aux empires mais à la terre elle-même. L’homme se retrouve alors totalement à nu, face à un monde ébranlé. Il est le seul rivet censé garantir la stabilité de l’univers.
XENOS est à la frontière entre l’Orient et l’Occident, le passé et le présent, la mythologie et la technologie, là où l’humanité repose entre émerveillement et désarroi. Il n’existe plus aucun témoignage direct de la Première Guerre mondiale.


Avec le décès en 2011 du dernier soldat vétéran, le lien que nous entretenons avec le vécu de la Grande Guerre repose désormais exclusivement sur des récits indirects : des films et photographies d’archives, des interviews, des collections de musées et des fragments historiques et patrimoniaux. Cependant, le genre humain dispose d’une autre forme d’archives avec les arts et la culture : le réservoir commun intarissable du souvenir et de la beauté et l’espoir partagé d’un retour aux sources.
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