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We are l'Europe

mise en scène Benoît Lambert

: Questions de méthode

Contrairement à ce que son titre indique, We are l’Europe (la pièce) n’est pas une pièce de théâtre. C’est d’abord, tout simplement, un livre. Et si cela peut sembler évident à la lecture du texte, il n’en reste pas moins que quelques précisions de méthode s’imposent, juste pour tenter de cerner comment l’on peut, avec cela, faire du théâtre.


C’est Henri Taquet qui m’a fait lire l’oeuvre de Jean-Charles Massera alors que je commençais à chercher des matériaux textuels pour l’épisode V du feuilleton théâtral Pour ou contre un monde meilleur. Inauguré à la fin du siècle dernier, ce feuilleton s’efforce de produire un discours direct sur le monde d’aujourd’hui, sans passer par l’intermédiaire métaphorique d’une fable. Basés sur l’utilisation de matériaux non-directement théâtraux, les épisodes du feuilleton s’inspirent et travaillent à partir de formes étrangères au champ théâtral (documentaire, essai, conférence, émission de télévision, concert, cabaret…) dont ils s’efforcent d’interroger les logiques propres. Les trois premiers épisodes (Prolégomènes à toute entreprise future qui voudra se présenter comme révolutionnaire, La Conversation interrompue, Le Bonheur d’être rouge) exploraient les utopies révolutionnaires du XXe siècle et tentaient de mesurer le poids de notre héritage politique. Le quatrième épisode, Ça ira quand même, conçu au lendemain du 21 avril 2002, s’efforçait quant à lui d’évoquer le désarroi contemporain face à la chose publique, et la façon dont les questions politiques travaillent, parfois à notre insu, l’intimité de nos vies.
Le choc éprouvé à la lecture des textes de Jean-Charles Massera m’a convaincu que c’était bien avec lui qu’il fallait envisager la suite de ce travail, en rompant avec la pratique du recueil de textes d’origines et d’auteurs variés, qui avait présidé à l’élaboration des épisodes précédents.


La méthode de travail que nous nous sommes donnée était dès lors très simple : il ne s’agissait pas de demander à Jean-Charles Massera d’écrire une « pièce de théâtre », mais plutôt de lui demander de fournir des matériaux, des thèmes, des bribes de dialogues, dans la droite ligne de ses travaux précédents. Charge ensuite à nous de choisir dans cette matière, de l’expérimenter, de lui faire subir l’épreuve du plateau, de lui trouver son ordre et sa logique propre pour en faire « du théâtre ». Bref, charge à nous de poursuivre l’expérience de « collage » propre au feuilleton, en nous imposant cette fois un domaine restreint d’investigation : un livre écrit par Jean-Charles Massera, intitulé We are l’Europe (la pièce).

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