Durant les six semaines d’atelier que nous avons déjà réalisées autour de Voyage, j’ai pu expérimenter une nouvelle fois la richesse de la démarche artistique de Ève Bonfanti et Yves Hunstad.
Même s’il existe toujours au préalable des envies fortes, profondes, une importante réflexion et des esquisses des personnages, ce que je trouve formidable, c’est que l’histoire se tisse uniquement à l’épreuve du plateau.
Rien d’intellectuel ou de conceptuel, c’est sur la scène que cela se passe. Et toujours avec une conscience aigüe du public, de son regard et de sa participation au spectacle.
À chaque nouvelle scène nous envisageons toutes les suites possibles et cherchons non pas la plus logique ou la plus cohérente, mais celle qui peut faire le plus voyager le spectateur.
Car c’est un véritable voyage spatio-temporel que nous invitons celui-ci, profitant de toute la magie du théâtre pour emmener le public là où il ne s’y attend pas.
Dans ce travail, point de quatrième mur, le spectacle est autant sur scène que dans la salle, et le public a également son rôle à jouer dans l’histoire.
Enfin, ce qui me touche énormément ce sont les thèmes essentiels abordés, comme notre rapport à la mort, au temps ou à notre propre corps, et toujours sans grande déclaration d’intention ou parti pris mais au contraire avec tous les paradoxes et les contradictions qui font partie de la vie même.
Et à tout moment ils nous rappellent le moment d’être simplement vivants… ou morts…