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Accueil de « Trois hommes dans un salon »

: La pièce

par Isabelle Stibbe

Trois hommes dans un salon
Ils n’ont pas vraiment mauvaise réputation, au contraire. En ce début d’année 1969, les trompettes de la renommée ont sonné pour eux depuis longtemps et les lauriers pleuvent. Les Trois Baudets, Bobino ou l’Olympia ont retenti de leurs chansons. Un jeune journaliste, François-René Cristiani, a cette idée un peu folle de les réunir. Première et dernière fois que se rencontrent Georges Brassens, Jacques Brel et Léo Ferré, rendant ce moment d’autant plus émouvant et exceptionnel. Entre éclats de rire, gorgées de bière et volutes de fumée, les trois hommes discourent au rythme des questions posées par le journaliste. Ni dieu ni maître : la poésie et la chanson sont leur seule aliénation. La création, les premiers cachets, le succès, le travail, le public, Gainsbourg et les Beatles, les femmes, l’anarchie, la solitude : leurs réflexions sont livrées souvent avec élégance, humour et un brin de provocation. Trois chanteurs, trois poètes, trois copains d’abord. Avec le temps, leur souvenir n’a pas vieilli. Leurs chansons ne nous quittent pas. Et c’est extra.


Brel -Brassens- Ferré
En janvier 1969, Jacques Brel (1929-1978) a quarante ans. Il a fait ses adieux au tour de chant et joue L’Homme de la Mancha à Paris. Georges Brassens (1921-1981), lui, a momentanément arrêté les récitals pour raisons de santé mais remontera sur scène à l’automne pour trois mois. Quant à Léo Ferré (1916-1993), il vient d’enregistrer C’est extra et prépare sa rentrée à Bobino. Tous trois ont en commun le même amour de la musique et des textes. Chacun à leur façon, ils ont donné à la chanson française ses lettres de noblesse. Eux qui se considéraient avant tout comme des artisans ont, en orfèvres du vers, taillé avec passion dans le diamant brut des mots pour nous léguer par centaines des joyaux de poésie dans l’alliage de la chanson.


Anne Kessler
Nous faire assister à la rencontre exceptionnelle des trois poètes comme si nous y étions, tel est le pari d’Anne Kessler, sociétaire de la Comédie-Française depuis 1994. Après Strindberg / Ibsen / Bergman : Griefs (2006), elle retrouve le Studio-Théâtre en tant que metteur en scène pour la deuxième fois, et donne à entendre dans son intégralité la parole des trois chanteurs durant cet entretien mythique. Un entretien qui a du théâtre l’éphémère et sa part de mise en scène – Brassens, Brel et Ferré avaient conscience de ce qu’ils représentaient et savaient qu’ils étaient enregistrés. Un entretien dont la profondeur côtoie parfois, sous des dehors en apparence légers, les textes dramatiques les plus denses.

Isabelle Stibbe

04 juin 2007

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