: Le mot du metteur en scène
Quand Isabelle Niveau m’a proposé de mettre en scène « Tchip » d’Éric Durnez, j’étais à Kourou, plongé dans un travail que je menais avec des jeunes des quartiers à partir de l’Odyssée d’Homère, dans le cadre d’un projet appelé Vivre et Dire son Quartier. C’est-à-dire que je vivais une expérience qui me mettait en contact direct avec une certaine réalité Guyanaise et que le texte d’Éric Durnez installait en écho : les rapports intergénérationnels, les conditions socio-économiques, les problématiques intercommunautaires, les familles disloquées… chômage, immigration clandestine, désoeuvrement… autant de difficultés qui engendrent anomie sociale et dissolution de soi. Une ambiance postcoloniale aussi. Un temps d’avant. Une société arrêtée dans son rapport à elle-même. Et un rapport au temps dilaté que l’on retrouve dans le texte d’Eric Durnez.
Ce qui m’intéresse de mettre au travail, c’est justement cette notion que l’on perd du temps qui s’écoule. Une chronologie insaisissable dans laquelle sont piégés ces « personnages-héros ». Chronologie qui les installe dans des rapports sans corps, dans des relations inhabitées, décalées. D’où le sujet est absent. Pris dans les affres de leur histoire, désespérément seuls, les personnages se sont laissés happer par le temps, par leur condition, par eux-mêmes.
Une réalité guyanaise, une chronique guyanaise… qui rejoint une dimension universelle de la condition humaine.
Ricardo Lopez Munoz
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