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: Entretien

Propos recueillis par Adèle Duminy en mai 2015

Nadia Vonderheyden nous parle de sa prochaine création, S’en sortir, dont la première sera donnée à la MC2 en février 2016. Après avoir monté La Fausse Suivante (en 2012 à la MC2), la comédienne et metteure en scène veut porter au plateau l’écriture de Danielle Collobert, qui s’épanouit dans les années 1960-1970 au gré des voyages de l’auteure.

On a tendance à associer l’écriture de Danielle Collobert au désespoir. Qu’en pensez-vous ?


Nadia Vonderheyden : Le défaut en France est de penser que la mort des gens nous raconterait quelque chose de leur vie. Il y a des gens qui lisent donc Danielle Collobert à l’aune de son suicide. Ça met toute son écriture dans le présupposé qu’elle va en nir. Au contraire, sa façon de regarder le monde est absolument vivante. C’est quelqu’un qui a voyagé, qui a vécu, qui a désiré. Ça se sent partout dans ses textes.


Vous dites que l’écriture de Danielle Collobert est très cinématographique...


N.V. : Oui, elle est capable de décrire une silhouette se détachant dans le cadre d’une fenêtre, la pliure d’un poi- gnet, la courbure d’une nuque... On reconnaît la parole d’un peintre, d’un photographe ou d’un cinéaste... Elle est dans le plaisir absolu, pas du tout dans le désespoir. Elle regarde comment les corps se débattent avec l’idée d’exister, de résister, de faire face... Mon envie, c’est de raconter ça.


Danielle Collobert n’écrivait pas pour le théâtre. Mais les corps sont très présents dans ses textes. Est-ce que ça rend plus naturel le passage à la scène ?


N.V. : Ah oui, c’est aussi très chorégraphique ! C’est vrai- ment une invitation à la scène. Même si l’écriture a l’air complexe, une fois qu’elle est prise en charge par un comédien, elle devient très simple.


Vous traversez l’œuvre de Danielle Collobert en plusieurs endroits. Comment pensez-vous relier les diffé- rents textes entre eux ?


N.V. : Ça passe par des paroles intimes. Mais aussi des choses plus légères comme des sensations, le soleil, le goût d’une orange... des choses assez simples. Je ré échis au l que je vais tirer. C’est entre l’intime et le monde. Qu’est-ce qu’on fait de ses sensations ? Comment on les partage ? Je vais faire mon chemin là- dedans : on suivra quelqu’un qui regarde le monde et qui essaie de le comprendre pour ne pas se laisser ava- ler. On est dans un monde qui parle tout le temps mais qui ne nomme rien.
On va donc essayer de nommer ces choses que tout le monde ressent : la peur de l’écrasement, de la dispari- tion. Avec des mots sensuels, chaleureux.

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