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Rouge noir et ignorant

+ d'infos sur le texte de Edward Bond traduit par Michel Vittoz
mise en scène Eric Salama

: La Pièce

Première de la trilogie des Pièces de guerre d’Edward Bond, Rouge noir et ignorant nous met face à l’avenir, celui vers lequel on craint de s’avancer. Voici la vie avant le désastre, avant l’irréversible. La vie telle qu’on refuse de l’imaginer.


Bond décrit une société qui tremble de peur : la sécurité y est si puissante que la population entière en est devenue suspecte, si bien que l’armée détruit la société qu’elle prétend protéger. Quand la peur fait la loi, les citoyens sont mis face à des choix qui n’ont plus rien de cornélien : ce sont des choix inhumains, à se taper la tête contre les murs.


Un soldat est sommé d’abattre un civil dans une rue, sa rue. D’un côté, son père et sa mère ; en face, les voisins, un couple âgé. Comment prendre position et assumer son choix ? Déni, pragmatisme, utopies révolutionnaires : Bond déploie la panoplie des réactions humaines face à un paradoxe insoluble. Dans l’urgence, faut-il accepter le monde tel qu’il est ou le refuser ?
Aucune position n’est bonne à prendre, aucune ne sauve ni la face ni la vie sur le court et le long terme, et c’est là la nouveauté de cette violence : il est impossible de s’en sortir indemne, le paradoxe reste invaincu.


Ecrite avec une grande rigueur formelle, cette pièce est un jeu de construction, un chef-d’oeuvre horloger. Tout se joue dans la précision, au plus serré de la conscience des protagonistes. La logique des uns et des autres est déployée à son cruel aboutissement, là où la réalité vire au film d’horreur, en pleine science- fiction. Et lorsque, pour survivre à la folie et à l’oppression, les personnages s’accrochent aux petites activités rassurantes du quotidien, on pleure de rire.
Eric Salama se saisit de cette écriture et la prend au mot. Avec un banc et trois comédiens, il la pousse à ses extrémités pour en extraire un ludique grotesque, monstrueux et saisissant. Une radiographie vigoureuse de notre mode de vie et de nos états intérieurs, éthiques et moraux.


Autrement dit : pouvons-nous savoir que notre société démocratique porte en elle son autodestruction et que le pacifisme, l’écologie, la diplomatie et les traités de désarmement n’y feront rien ? Oui, pouvons-nous le savoir sans en perdre la tête ?

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