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Révélations

+ d'infos sur le texte de Howard Barker traduit par Isabelle Famchon
mise en scène Guillaume Dujardin

: La tragédie, une forme artistique pour ceux qui aiment la vie.

La tragédie déteste la politique. La tragédie déteste les bonnes intentions. Elle déteste tout ce qui démontre la solution. Elle déteste donc l'industrie du plaisir, l'industrie des loisirs, l'industrie de l'harmonie et l'industrie de la réconciliation. La tragédie est le spectacle de la douleur rendue exquise par l'art. Par conséquent, tout homme politique, sociologue, réformateur social, tous ceux qui aspirent au plaisir et au bruit la détestent. Le son de la tragédie est le silence brisé par la voix humaine. La voix humaine n'est pas un bruit. La vision de la tragédie est le corps humain empalé sur un axe de douleur. La danse n'est pas de la tragédie. La tragédie doit être la parole. Le bruit et la danse sont les rythmes alarmants des démocraties qui s'effondrent de par leur simple ambition absurde.
Le carnaval permanent.
La tragédie restitue l'individu à lui-même.
La tragédie commande le silence. Nous sommes proches d'une perte de silence. La tragédie remplace le bruit par la respiration. Elle ôte le voile de la mort et proclame donc la première de toutes les libertés qui est la connaissance de la mort. Elle remplace les plaisirs du sexe par le supplice du désir. Par conséquent, elle expose la futilité de la gratification., la pornographe, l'escroquerie de l'enculage démocratique. La tragédie humilie le jeu télévisé, la comédie, le concours de beauté, l'émission éducative, les chaînes d'information, le rassemblement politique, les partisans, les terroristes, tous ceux dont la seule ambition absurde est de donner La solution à la vie.
La tragédie est donc une forme d'art pour ceux qui aiment la vie. Peut-être n'y en a-t-il que peu qui aiment la vie ? Il ne faut pas taire cette possibilité. La tragédie nous oblige à contempler l'abîme de notre solitude. Beaucoup d'entre nous ne la supportent pas. Selon eux, le plaisir est un refuge. La tragédie ne connaît aucun plaisir mais connaît beaucoup d'extase. Que cette extase provient de la douleur, la tragédie seule le sait. La tragédie nous fait pleurer, et ces pleurs ne sont pas un pacte sentimental entre public et metteur en scène, ce sont des pleurs non sollicités qui coulent du spectacle de la vie non résolue. La tragédie seule connaît le secret de l'existence. Ce secret est que la vie ne suffit pas. Nous ne pouvons tolérer longtemps le secret. C'est un secret que l'on découvre seulement dans un endroit dont le but existentiel est le secret, qui est l'apothéose du secret, où tous ceux qui bougent et qui jouent sont consumés par le secret. Cet endroit c'est Le théâtre.

Howard Barker

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