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Quelques mots pour dire d'où je viens


: Notes de mise en scène

Des femmes et des hommes, d’horizons et d’âges divers, narrent leur arrivée en France, leur parcours d’intégration.


Un voyage très humain, pétri de failles, de déchirures, de désillusions, de manques, mais aussi chargé de reconquêtes et de richesses nouvelles.


Dans la le livre Quelques mots pour dire d’où je viens, publié par la Maison des Arts de Thonon-Evian, les récits sont accompagnés par les portraits des témoins. Pendant la lecture, le fait de pouvoir associer un visage à chaque histoire, renforce l’impression d’être face à une oeuvre documentaire.


Mais l’absence de jugement et la compréhension profonde de l’humain, dont l’écrivain fait preuve, ainsi que la langue ciselée et accomplie, transcendent la parole originelle et originale des témoins. S’approcher et rendre théâtral ce genre de matière textuelle, réclame une liberté et un respect semblables à ceux dont a fait preuve l’auteur face au témoignage brut.


Du premier désir naît la première contrainte. Il faut laisser paraître la portée universelle de ces histoires, sans rien enlever à la singularité de chacune, tout en visualisant le contexte des flux migratoires.


La mise en scène développe l’idée de cheminement. Sur un « terrain neutre », les comédiens laissent eux-mêmes des traces, des empreintes de mémoire, aussi bien avec les mots qu’avec leurs corps en mouvement. Il n’y a pas d’artifice théâtral et les matériaux de fabrication sont inspirés des quatre éléments. Dramaturgie, scénographie, lumière et costumes se fondent ensemble sur ce point de départ.


Le choix de la distribution et la direction d’acteur renforcent cette première idée.


Tout d’abord, il s’agit d’entendre une partition à deux voix. La comédienne et le comédien sont comme deux instruments à cordes - un alto et une contrebasse – produisant deux sonorités en harmonie, des envolés lyriques, des martèlements « pizzicato » et des sons cassants, dans les aigus pour l’un et dans les graves pour l’autre.


Les interprètes cherchent constamment l’équilibre entre narration et incarnation, pour rendre le ton épique de l’ensemble et le souffle de l’intime.


Deux figures porteuses de contradictions, l’une forte et timide, l’autre radieuse et mélancolique à la fois, une femme et un homme, respectivement une grande silhouette blanche et une grande silhouette noire.


Cette dualité va au delà de celle évidente du masculin et du féminin. Elle porte la symbolique de l’étrange et de l’étranger, elle incarne l’axe nord-sud des immigrations en France.


C’est une altérité qui parle aussi du miroir que l’autre souvent nous tend.


SON ET LUMIÈRE La lumière et la musique ont fonction de signifiant des divers lieux et époques évoqués par le texte.


La composition musicale originale comprendra une partie enregistrée et une autre jouée sur scène. Elle nous accompagne dans ce voyage qui traverse différentes cultures, elle offre un appui et, parfois, un contrepoint à l’émotion des personnages.


Le musicien, présent sur le plateau, sera un multi-instrumentiste pouvant collaborer avec le compositeur, mais sachant aussi proposer des évocations à partir du répertoire de la musique ethnologique.


Le compositeur et le musicien chercheront l’intégration des ces deux langages : celui de la musique occidentale contemporaine et celui de la musique dite « du monde ». La colonne sonore du spectacle reproduira, symboliquement, ce nouvel esperanto, d’une société apaisée, capable d’être une terre d’accueil et de mixité.


SCÉNOGRAPHIE La scénographie symbolise les traces de la mémoire ou l’impossibilité du retour. La matière est à l’image de l’authenticité des témoignages. Elle utilise les éléments naturels. Le sable, l’eau, le bois, le feu y sont figurés. Un simple plan incliné sert de support. Les mouvements des comédiens vers un espace de jeu en avant-scène suivent des tracés en forme de rayons.


Ces tracés, invisibles au départ, se composent au passage des comédiens. Pour chaque chemin, un expédient différent est trouvé. La lumière fait apparaître les marques au sol. Le sable s’imprime des empreintes des pas, qui peuvent être, par la suite, effacés ou brouillés. Les lattes de bois du sol se cassent et montrent une autre matière cachée au-dessous. Le ruisseau d’eau se colore avec des pigments sous l’effet de leur marche.

Maria Cristina Mastrangeli

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