theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Providence »

Providence

mise en scène Ludovic Lagarde

: Note du metteur en scène

par Ludovic Lagarde

Dans les précédents projets nous suivions un seul narrateur. Dans le dernier roman d’Olivier Cadiot il s’agit de quatre récits, portés par quatre caractères différents. Ainsi se suivent Quel lac aimons-nous, où l’on assiste au règlement de compte entre un personnage et son auteur; Comment expliquer la peinture à un lièvre mort, récit d’un moment de bonheur où un jeune homme se transforme en vieille dame; Illusions perdues, traversée accélérée au féminin du roman de Balzac et enfin Providence où un vieil homme convoque son passé et prépare une conférence qui prouvera qu’il est en bonne santé mentale.


Pour passer le roman à la scène, nous avons pris le parti de remonter le livre un peu différemment et fondre les quatre séquences en une seule situation, celle de la quatrième et dernière qui donne son titre au livre. L’action se situe au bord d’un lac dans une maison banale, mais pratique. Une pièce presque vide, un atelier-salon. C’est là que le narrateur va recevoir le public et réaliser une série de performances qui retracent les moments culminants de son existence. Dans Le Colonel des Zouaves et Un mage en été l’espace était abstrait, l’acteur était placé au centre d’un étroit dispositif sonore et plastique.
Pour Providence la scénographie est en quelque sorte élargie et habitable. Dans les monologues précédents, la forme était unique et magique, les artifices de la création étaient dérobés aux yeux du spectateur. Ici, l’acteur sera expérimentateur et construira les éléments de la fiction à vue, aidé par un dispositif sonore et musical conçu en partenariat avec l’Irma.


Robinson, le personnage des romans précédents d’Olivier Cadiot, se confrontait sans cesse à des milieux hostiles, toujours soumis à des tâches folles. Les conflits intimes, sociaux, esthétiques constituaient le moteur romanesque et nourrissaient la tension théâtrale. Il est cette fois seul maître à bord, comme expulsé de toute fiction. Il n’est plus projeté dans une histoire, mais convoque les histoires chez lui. Il cherche donc de nouveaux réglages avec les moyens du bord pour trouver la voie d’un mode d’existence acceptable, le bon équilibre entre la volupté et la douleur, les hantises et l’oubli, l’ombre et la lumière. On pense au projet de Baudelaire : Étreindre le crime dans son propre cœur.


Avec Laurent Poitrenaux, au moment de la création du Colonel des Zouaves, nous avions compris que le passage du roman à la scène obligeait à trouver des outils inédits de théâtre. Il s’agissait de trouver de nouveaux moyens pour rendre compte de cette poétique de l’esquisse.
Dans l’écriture de Cadiot, tout est sans cesse en mouvement, les choses se font et se défont, se construisent de manière quasi rhapsodique, on ne peut se reposer seulement sur la seule continuité psychologique — même si le théâtre a aussi pour fonction de la révéler. Nous cherchons à convoquer ce qu’on pourrait appeler un jeu clair, où l’acteur est dans un état maximal de présence, ce qui lui permet de convier chaque soir les spectateurs au partage de l’expérience théâtrale. Le comédien guide le regard et l’écoute. Il élabore en temps réel le dispositif de fiction.
Une fois réglé il s’y glisse et trouve sa position dedans. Il peut choisir d’incarner un personnage à souhait, se lover dans de multiples rôles, goûter aux délices ou à la douleur des métamorphoses. Ludovic Lagarde

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.