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L'Absence de père

mise en scène Rodolphe Dana

: Note de mise en scène

« Honnêtement, je n’aurais pas de plaisir à reconstituer chaque fois le décor décrit. Il me semble que les relations tellement fortes entre les personnages disent d’elles-mêmes l’essentiel » Antoine Vitez


Un espace abstrait. Sablonneux. Comme les plages dans Mort à Venise de Thomas Mann ou les plages chez Proust avec les cages en osier...Un espace ouvert que tout le monde habite comme un grand bac à sable, un terrain de jeu. Car le jeu peut se déployer partout et à tout moment. Pas de grandes scènes d’émotions à l’avant-scène avec à l’arrière des acteurs en carafe. Un lieu multiple qui laisse le champ aux événements inattendus - la pièce est en effet une succession de surprises, de quiproquos et d’arrivées intempestives. Jouer avec les possibilités de jeu qu’offre l’espace.


Il faut que l’espace raconte quelque chose de la prise de parole.
Il faut que l’espace soit un enjeu pour l’acteur : Comment je prends la scène, qu’est-ce qui est en jeu dans cet espace-là ?
Que représente l’espace ? : Un espace à prendre. Il ne représente pas une réalité autre que le concret du spectacle : c’est un plateau de théâtre où les acteurs prennent la parole. C’est comme quand on est en répétition, la vie est partout, la limite entre l’interprétation du texte et la vie de la troupe se confond.


OU ALORS, si l’on choisit une logique de représentation plus cinématographique et/ou réaliste, quelle réalité - sociale, culturelle, esthétique - représenter? Le camping a été évoqué. Platonov, roi du camping ? Cette éventualité semble plus faible en matière de jeu et de registres possibles, et aussi moins fidèle au texte qui est – parce que Tchekhov l’a écrit, puis repris, puis abandonné, puis réécrit- un mélange incroyable de burlesque, de tragique, de pathétique, d’ironie (cf les notes de Françoise Morvan dans l’édition Actes Sud sur la fin de l’acte 4 et les six interprétations possibles données par les registres différents). La pièce joue trop du mélange, du contraste et même de l’incohérence pour qu’on puisse la cristalliser dans un décor « réaliste ». Le choix d’un espace plus ouvert, comme un terrain de jeu, est aussi plus fidèle au Collectif à la façon dont il questionne « l’acteur ». Le texte permet vraiment de jouer avec différents degrés de théâtralité, ce serait dommage de ne pas en profiter. Embrasser les choses dans leur complexité.


L’espace doit-il être cohérent ? On peut par exemple mélanger des éléments qui appartiennent à des réalités différentes (Une piscine en plastique près d’un portrait type 19ème siècle). La juxtaposition d’éléments opposés (esthétique, social, matières etc) dans un même lieu pourrait faire éprouver l’absurdité, et surtout le fait que sur scène tout n’est que matière à jouer. Un lieu où différents univers se mélangent, un lieu de projection pour le spectateur. Décor entre réel et imagination.

Rodolphe Dana

janvier 2014

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