: Les indices
Dès la première lecture, l’univers des premiers films de Roman Polanski se révélait à
nous. Tout semble normal, mais tout est dingue ou au contraire tout semble dingue
mais c’est juste la vie qui pour certains se décale, pour d’autres évolue, pour d’autres encore (Petr) s’enflamme enfin ! Nous pensons à Polanski mais aussi à Kafka.
Quand l’ordinaire des gens se révèle dans un burlesque échevelé. Les personnages
de Kafka sont fonctionnaires, la bureaucratie les écrase. Chez Zelenka, l’endroit du
naufrage, c’est la cellule familiale et amoureuse. Toutes les scènes se déroulent en
intérieur, ce qui développe une sensation d’étouffement dont le point culminant sera
l’enfermement du héros par lui-même dans un carton postal. Alors nous imaginons
faire exister l’extérieur, les rues de Prague, la foule d’anonymes en se référant aux
rêves de Kafka, décrits dans son journal. Un travail choral sur les rêves déjà en
germe dans nos précédents spectacles.
«Nuit d’insomnie…Je m’endors bien, mais je me réveille au bout d’une heure, comme si j’avais posé ma tête dans le mauvais trou… Je dors véritablement à côté de moi, tandis qu’il me faut, en même temps, me battre avec mes rêves »
Franz Kafka
Cette citation aurait pu être prononcée par Petr, le héros.
Une des réponses avancée par l’auteur au désarroi humain serait l’acte de création. «- Tu crées ? Tu produis, toi ? » demande Georges, le compositeur de musique d’ascenseur, à Petr. Nous assisterons pour finir à l’entrée en écriture de Petr, après l’internement de sa mère. Il prend alors sous nos yeux l’allure d’un Treplev des temps modernes. Oui, l’acte de création serait une réponse mais est-ce une délivrance ?
Le petit monde de Zelenka, décalé, grinçant, excentrique peut être perçu comme ces
cabinets de curiosités du 18ème siècle. Chaque personnage aura sa cellule, son
univers constitué le plus souvent d’un seul objet : un téléphone, un carton, un lavabo,
un aspirateur…
Inventer l’enfermement mais sans paroi.
Nous souhaitons constituer une atmosphère poétique et ainsi nous imaginons des
objets en hauteur, pendus aux cintres. Dans son désir de décalage, Petr Zelenka a
introduit certains éléments magiques : la couverture qui bouge, le mannequin qui
prend vie.
Est-ce fantasmagorie ou rêverie ?
L’occasion faisant le larron, nous souhaitons engager un partenariat avec l’acteur
magicien Thierry Collet, et imaginer un univers magique dont on donnerait à voir «
les ficelles » seul le personnage est crédule, le spectateur est un témoin.
Un témoin et un visiteur.
Un visiteur immobile car nous ne souhaitons pas de déambulation.
L’idée sera de créer un rythme scénographique circulaire, une tournette artisanale au
sein de laquelle le personnage central Petr, le héros, tel un passe muraille, évoluera
de lieu en lieu.
Un spectateur visiteur mais également voyeur.
Toute la tribu se fabriquera en direct : Certains acteurs prendront en charge plusieurs
personnages et assumeront le passage de l’un à l’autre à vue.
Pour ce spectacle, nous nous déterminons par un profond désir d’oublier les
coulisses lors de la représentation. Comme un enjeu : donner vie à cette ribambelle
de personnages sur l’instant et sous les yeux des spectateurs. Comme pour le
traitement de la magie : mettre en scène les artifices du théâtre, afin d’engager une
distance avec le réalisme des personnages. Il s’agira d’une démarche inverse de celle que nous avons eu pour Paravidino où les personnages étaient des archétypes
: le cop, la mother, la bitch , le pusher, etc, nous avions la nécessité des coulisses
pour créer du réel, du secret et une certaine psychologie. Dans la pièce de Zelenka,
ce sont de vrais personnages dont la psychologie a été pensée par l’auteur : mettons
la à nu mais avec distance. Écrire du théâtre.
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