Qui est Antonio Tarantino ?

Un graphiste dans les années soixante, très impliqué politiquement dans un groupe de correspondants qui se réclamait des principes originels du communisme (Manifeste de Fouché, Manifeste de Büchner ou Le courrier de Hesse). Peintre depuis les années septante, et écrivain de théâtre depuis 1992, à l’âge de 53 ans. Tarantino a un parcours qui ressemble à son écriture : engagé et anti-conventionnel.

Comment aborder au théâtre ce langage si particulier ?

Si je le savais avec certitude, ce serait trop simple. Une mise en scène questionne une langue sans jamais donner de solutions défi nitives. Une écriture, si elle est forte et polysémique, ne se laisse pas attraper, nous glisse des doigts comme une anguille. Au sujet du texte de Tarantino, La passion selon Jean, Mystère pour deux voix, j’ai comme point de départ l’intuition qu’il faut tenir compte du sous-titre. Il ne sert à rien de vouloir illustrer ou expliciter chaque lieu du texte. Le seul lieu concret est celui du poème, car Tarantino fait ici oeuvre de poète. Il nous pétrit le cerveau avec une langue très itérative, pulsée. C’est cela qu’il faudra rendre et mettre en scène.

Quel est le film, spectacle ou livre qui vous a récemment marqué ?

En ce moment, je mets en scène Così fan tutte de Mozart, et je suis tous les jours stupéfait devant la force et la profondeur de cette musique. Sinon, pas plus tard qu’hier, j’ai été frappé par une nouvelle de Yukio Mishima, intitulée Patriotisme (dans le recueil La mort en été). Mishima touche un endroit très trouble de nous-mêmes : l’érotisme et la fascination que dégage l’idée de la mort. J’aime les textes qui grattent un peu la vase, qui dérangent les lignes de force. Comme celui de Tarantino.